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Les réseaux sociaux et les mineurs : entre attirance et risques
Attirer les mineurs : une logique de fidélisation
Grands consommateurs de contenus en ligne, enfants et adolescents sont aussi les premières victimes de certains effets nocifs des réseaux sociaux, forcés de mettre en place des mesures de protection.
De manière directe, peu de réseaux sociaux tirent un réel bénéfice de la présence d’enfants, estime Thomas Rohmer, fondateur de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique, interrogé par l’AFP. S’ils s’y intéressent, c’est dans une logique de fidélisation, pour quand ils seront adultes et détenteurs d’un pouvoir d’achat. Cela se traduit notamment par le développement de la plateforme YouTube Kids ou le projet suspendu d’Instagram for Kids, destinés aux moins de 13 ans.
Les mineurs jouent tout de même un rôle moteur dans le marché de la publicité numérique car ils sont forces de proposition pour la consommation de leurs parents, relève Julien Pillot, enseignant-chercheur en économie à l’école de commerce Inseec. Cependant, le nouveau règlement européen sur les services numériques (DSA) interdit les publicités ciblant les mineurs grâce à leurs données personnelles.
Les risques encourus par les mineurs sur les réseaux sociaux
Cyber-harcèlement, désinformation, défis dangereux, troubles psychologiques ou mauvaises rencontres… De nombreux scandales ont terni l’image des réseaux sociaux lorsqu’ils sont utilisés par des mineurs.
Meta a été accusé d’exploiter des technologies puissantes et sans précédent pour attirer et piéger les jeunes et les adolescents afin de faire des profits, selon les procureurs généraux de plusieurs États américains qui ont déposé une plainte contre le groupe. Des études ont également révélé qu’Instagram renvoyait à de nombreuses adolescentes une image négative d’elles-mêmes, tandis que TikTok a été critiqué pour des dérives sur l’organisation de jeux d’argent.
Cependant, il est important de noter que l’addiction aux réseaux sociaux est un sujet qui fait toujours débat dans la communauté scientifique. Selon Thomas Rohmer, cette notion « relève de la mythologie » et les comportements excessifs sont souvent liés à la fragilité des enfants et des adolescents qui rencontrent des difficultés avec ces outils.
La protection des mineurs sur les plateformes
En principe, toutes les plateformes, de TikTok à Instagram, interdisent aux moins de 13 ans de s’inscrire. Cependant, l’âge reste déclaratif. Selon une enquête de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, la première inscription sur un réseau social intervient en moyenne vers 8 ans et demi et plus de la moitié des 10-14 ans les utilisent.
Les pressions exercées sur les plateformes ont conduit à des actions concrètes. TikTok a été condamné à une amende de 345 millions d’euros dans l’Union européenne pour avoir laissé les comptes des mineurs visibles publiquement par défaut. De son côté, Meta tente de prédire l’âge réel des utilisateurs grâce à ses algorithmes et peut exiger une preuve d’identité quand il soupçonne un mineur de se faire passer pour un adulte.
Malgré ces avancées, il reste encore beaucoup à faire pour protéger les mineurs sur les réseaux sociaux. Des questions persistent, telles que l’effacement des informations personnelles ou l’impact de ces outils sur les plus jeunes. Thomas Rohmer souligne l’importance d’une véritable stratégie éducative, avec une implication massive des parents, qui fait cruellement défaut.