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Le groupe audiovisuel français et sa performance en 2023
Le groupe audiovisuel français aura vécu une année 2023 apaisée, après deux années rythmées par le mariage, finalement avorté fin 2022, avec TF1. Dans ce contexte d’essoufflement de la spéculation et de publications décevantes, le titre termine son année sur une baisse de 18%, alors que le cours du groupe TF1 se sera stabilisé. Comment un tel écart de performance entre deux groupes si comparables a-t-il pu se creuser ? La faiblesse du cours de M6 est-elle justifiée ou bien faut-il s’attendre à un rattrapage au cours de l’exercice 2024 ?
Duel des géants
Alors que TF1 retrouve les faveurs des marchés, le groupe M6 peine à reprendre le chemin de la croissance, en raison d’une très forte dépendance à un marché publicitaire en berne. En effet, avec 80% de ses revenus liés à la publicité, contre 65% pour TF1, le groupe M6 subit de plein fouet la frilosité des annonceurs dans un contexte de fortes incertitudes.
Ce manque de diversification n’est cependant pas surprenant pour un groupe audiovisuel et n’était jusqu’alors pas un critère décisif pour les investisseurs. En effet, les performances des deux groupes ont longtemps été corrélées, que ce soit lors de la crise sanitaire ou de l’échec de la fusion des deux groupes en 2022, les marchés maintenaient un statu quo.
Les cours des titres M6 et TF1 sont fortement corrélés jusqu’au second semestre 2023
Un début d’année compliqué
Ce début d’année 2024, sans tendance claire pour M6, aura permis à TF1 de définitivement distancer son concurrent. Le lancement de TF1+, son offre hybride entre replay et streaming, permet à la société de remettre un pied dans le segment du streaming, après l’aventure avortée de Salto. Pour M6, cette sortie met en lumière le manque d’ambition de la stratégie digitale du groupe. La limitation à un service de replay, peu créateur de valeur, traduit le déficit d’investissement sur ce segment.
Une stratégie digitale peu ambitieuse, se limitant au service VOD depuis 10 ans
Cependant, ce manque d’innovation et la limitation des investissements sont dans l’ADN du groupe et expliquent en partie sa réussite. En effet, bien qu’avec des revenus ne correspondant qu’à 60% de ceux de son concurrent, M6 rivalise avec TF1 en matière de résultat net grâce à un coût des programmes deux fois moindre. Dans un contexte difficile sur le marché publicitaire, le groupe subit l’érosion de la marge opérationnelle et le manque de manœuvre sur les coûts de sa grille de programme pourrait impacter significativement le résultat net des prochains exercices.
Des perspectives incertaines
A noter tout récemment, la publication anticipée de ses résultats 2023 par Publicis, faisant ressortir une accélération de son activité média au T4. Il faudra attendre la publication du quatrième trimestre de M6, prévue le 13 février, pour constater l’impact de cette accélération côté annonceurs sur les groupes audiovisuels. La communication du groupe sur ses perspectives 2024 sera également à surveiller, tant sur la forme que sur le fonds. Le maintien de la politique de distribution de dividendes actuelle sera également un signal positif envoyé aux investisseurs.
Dans un contexte de dualité entre les deux géants audiovisuels français, le cours du groupe M6 dépendra également fortement de la réussite de TF1+. En effet, la tentative de créer le Netflix à la française avec Salto n’ayant pas percé dans ce secteur dominé par les géants américains, le scénario pourrait se répéter dans le projet de TF1.
En attendant, le manque de catalyseurs rendra difficile une remontée du cours, tant M6 semble avoir perdu la main face à TF1. En cas de maintien du dividende à 1€, soit un rendement de 7,5% au cours actuel reste une bonne opportunité d’entrée dans le cadre d’un portefeuille d’actions à forts dividendes.