Sommaire :
Óscar et Loïc aiment le journalisme
Par temps venteux pour la profession, des jeunes sont venus voir comment «24 heures» travaillait. Quelques lignes à leur intention.
Quand vous tapez «journaliste» et «plus beau métier du monde» sur Google, vous trouvez un nombre impressionnant de professionnels qui confirment. Jamais, oh grand jamais, ils ne changeraient de job. J’avoue que je fais partie de cette catégorie. Je ne vois pas bien ce qui pourrait être plus passionnant, plus essentiel.
Et pourtant, les temps peuvent paraître gris. Cette semaine a encore vu la pression augmenter sur des rédactions. À Fribourg, on imagine un portail numérique commun pour trois acteurs du marché. En Suisse alémanique, CH Media annonce pas moins de 150 licenciements. Et Albert Rösti a sorti de sa manche la baisse de la redevance SSR à 300 francs pour tenter de contrer – ou pas – l’initiative de l’UDC qui en veut, elle, une qui ne dépasse pas les 200 francs.
Alors, l’homme et le capitalisme sont-ils un loup pour le journalisme? Qui ne serait qu’une brebis intellectuellement égarée, vouée économiquement à être dévorée par la grande méchante gratuité? Mais, justement, cette méchante gratuité a du plomb dans l’aile. Puisque même les réseaux sociaux commencent à se dire qu’il serait bon de faire payer le chaland et que piller ses données avec (ou sans) son consentement ne suffit plus. On pourrait même imaginer que les journaux envoient une facture aux «GAFAM», eux qui puisent gracieusement dans leurs contenus. La balle de ces «droits voisins» est dans le camp du politique.
Óscar Martínez me raconte «el» Salvador
Jeudi, lors de la Journée «Oser tous les métiers», j’ai vu des étoiles dans les yeux de Loïc, quand je lui expliquais ce qu’on allait raconter à nos lecteurs. Après qu’il a démenti une fake news transmise par notre service de communication («J’ai 12 ans, pas 13»), on lui a montré qu’on ne fabriquait plus «24 heures» aujourd’hui comme hier. Qu’on suivait minute par minute ces trains arrêtés entre Lausanne et Genève, figeant le transport dans l’arc lémanique. Lui, il souriait, il venait «de la campagne, d’un bled paumé près d’Échallens». Le LEB fonctionnait visiblement, lui.
«Venir d’un coin n’empêche pas de regarder ailleurs.»
Venir d’un coin n’empêche pas de regarder ailleurs. C’est d’ailleurs la mission de tous ceux qui ont fait de leur curiosité un métier. Pendant que les bombes tombent en Ukraine et à Gaza, je lis le saisissant «Les morts et le journaliste». Óscar Martínez me raconte «el» Salvador (le «Sauveur» en espagnol). Où le taux d’homicides est 100 fois celui de la Suisse.
Il n’y a pas de guerre, mais «juste» des gangs – les pandillas – face à une police, une justice, un gouvernement corrompus. Alors quand je traverse le récit de celui que j’ose à peine appeler «confrère», je me sens tout petit. «Un journaliste change-t-il les choses? écrit-il. Toujours. Un journaliste change-t-il les choses comme il voudrait qu’elles changent? Je ne crois pas. Je sais que cela ne dépend jamais du journaliste.»
@Cansermoz
Vous avez trouvé une erreur? Merci de nous la signaler.