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Mort de Jean-Louis Aragon

Jeunesse et parcours professionnel
Journaliste au Monde de 1994 à 2011, Jean-Louis Aragon est mort des suites d’un cancer, le 3 novembre 2023, à Pons (Charente-Maritime), à l’âge de 71 ans. Né à Pau (Pyrénées-Atlantiques) le 19 mai 1952 dans une famille originaire de Jaca (dans la communauté autonome d’Aragon, en Espagne), il a suivi des études de lettres modernes à Pau, à Toulouse, à Madrid et à Salamanque, construisant une impressionnante érudition littéraire et artistique. Contrebassiste dans de petites formations de jazz, puis restaurateur, il a abordé le journalisme par la face technique, d’abord dans la presse périodique féminine.
Parcours dans le journalisme
Il a participé à l’existence éphémère mais intense et innovante du quotidien Le Sport, en 1987-1988, dont plusieurs journalistes, par la suite, ont rejoint la rédaction du Monde. Puis il a créé et animé une petite entreprise de formation aux techniques de l’informatique éditoriale.
En 1994, Le Monde a fêté son cinquantième anniversaire et lancé une « nouvelle formule » du quotidien, sous la conduite de Jean-Marie Colombani, le directeur du journal. Il fallait entraîner dans le mouvement une équipe de journalistes aux fortes personnalités, et réussir l’amalgame avec les nouveaux collaborateurs. Cette entreprise a demandé du temps et des efforts. Pour s’engager dans un processus de modernisation qui ne s’est pas arrêté depuis, Le Monde a déployé un nouveau système informatique afin de faciliter le travail collaboratif, organisé autour d’une base de données, avec un circuit de copie décrivant chaque étape, de l’écriture à la mise en page du journal, avant d’enrichir la documentation. La jeune équipe informatique éditoriale s’est renforcée, sous la supervision de Noël-Jean Bergeroux et l’inspiration de Jean-François Fogel, autour de José Bolufer, directeur informatique, et d’Eric Azan, rédacteur en chef technique. Jean-Louis Aragon l’a alors rejointe.
Spécialiste des outils graphiques
Journaliste d’un nouveau type, il était spécialiste des outils composant la chaîne graphique, de l’écriture à la mise en page, le traitement d’images et l’infographie. Il avait été formateur sur le logiciel de référence de l’époque (XPress), connaissait sur le bout des doigts les machines du fabricant Apple. Il a rédigé une documentation technique du nouvel outil informatique de la rédaction et a pris en charge la formation d’une bonne partie des journalistes. Son mode d’emploi particulièrement imagé et didactique est resté une référence pendant près de dix ans, soit une éternité pour les informaticiens d’aujourd’hui.
Compétence, patience et gentillesse
Jean-Louis Aragon s’est intégré dans une équipe technique plurielle, aux multiples statuts, constituée d’informaticiens, de développeurs, de techniciens de maintenance informatique, d’anciens typographes et autres techniciens du secteur. Il était le seul journaliste de l’équipe, le pédagogue, celui qui rédigeait les explications accompagnant les nouveaux outils, le « M. Formation métier », avec son goût du travail fignolé, sa patience, sa ténacité et sa gentillesse. Mais il avait aussi du caractère ! Ses collègues se souviennent de quelques prises de bec mémorables, qui se finissaient invariablement autour d’une table ou par la conclusion d’une « paix des braves ».
Parcours éditorial
Jean-Louis Aragon a ensuite intégré la rédaction pour des aventures moins techniques et plus éditoriales. Le Monde avait choisi de renforcer considérablement son traitement du sport, ce qui s’est rapidement concrétisé par les cahiers spéciaux consacrés aux Jeux olympiques d’Atlanta, en 1996, et à la Coupe du monde de football 1998. Parallèlement, « Le Monde des livres » lui a souvent confié la présentation d’œuvres des littératures hispaniques.
Son tempérament discret, affable et souriant a facilité l’approche des champions sportifs pour des portraits, remarqués. Il est resté fidèle, comme toujours, à la transmission de la culture picaresque. Sa compétence et la fluidité de son écriture ont séduit de nombreux amateurs de cyclisme, de rugby et de golf, discipline dont il est devenu un adepte convaincu.
Après la retraite
Sa retraite professionnelle n’a pas altéré sa fraîcheur et sa créativité. Dans l’ancienne ferme où il avait posé son sac, au milieu de la campagne saintongeaise, il a exploré avec un talent fulgurant la richesse des options plasticiennes du travail sur le bois, avec l’approbation et les encouragements d’artistes chevronnés, devenus ses amis. Cette œuvre abondante sera présente dans un espace voué à la transmission de diverses formes de culture pour tous les publics. Brigitte, son épouse, et ses fils, Raphaël, Pablo et Manuel, se sont engagés dans la même voie, ce dont il était particulièrement fier.
[Le Monde présente ses plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Jean-Louis Aragon, ainsi qu’à celles et ceux qui ont eu la chance de le côtoyer et de l’apprécier au cours de ses dix-sept ans de carrière dans notre journal. J. Fe.]
Jean-Louis Aragon, en quelques dates
19 mai 1952 Naissance à Pau (Pyrénées-Atlantiques)
1994 Rejoint « Le Monde » dans une équipe informatique éditoriale
1996 Intègre le nouveau service Sport du « Monde » et rédige pour différents services
2011 Quitte le journal « Le Monde »
3 novembre 2023 Mort à Pons (Charente-Matitime)