Un an de blackout des infos sur Facebook : comment médias et lecteurs s’adaptent

Révisions des habitudes des internautes québécois

Un an après le blocage des nouvelles sur Facebook et Instagram par Meta au Canada, de nombreux internautes québécois ont changé leurs habitudes pour rester informés. Ce changement a permis à certains de renouer avec les médias traditionnels et de questionner leur utilisation des réseaux sociaux.

Mis à jour hier à 5h00

Changement d’habitudes des utilisateurs

Les applications médias en réponse au blocage

Charlotte Poitras, auteure de 28 ans, raconte que son fil d’actualités Facebook était saturé d’articles controversés avant le blocage de Meta. Après cette interdiction, elle a téléchargé des applications de médias, constatant la différence de contenu qu’elle y trouvait.

D’après elle, Facebook favorisait certaines nouvelles à travers son algorithme, créant des effets de chambres d’écho, tandis que les médias transmettent des informations plus authentiques et diversifiées.

Effort supplémentaire pour rester informé

Justine Sara, avocate de 27 ans, utilisait à la fois Facebook et des applications médias pour s’informer. Après le blocage, elle a activé les notifications de ses applications pour continuer à recevoir des nouvelles, même si cela nécessite une démarche plus proactive.

Justine souligne que les commentaires des utilisateurs sur Facebook lui manquent pour comprendre différentes perspectives.

L’impact sur la santé mentale

Anne-Marie Poulin, recherchiste de 34 ans, a trouvé le contenu de Facebook de moins en moins intéressant après le blocage. Ayant participé au boycottage de Meta, elle a développé de nouvelles habitudes d’information, moins anxiogènes, via les sites des médias.

Elle affirme qu’elle ne reviendrait pas sur Facebook même si Meta annulait le blocage.

« C’est dommage, mais j’aime que ce soit bloqué », admet Charlotte Poitras, qui craint de perdre ses nouvelles habitudes si Meta changeait d’avis.

Justine Sara estime que les nouvelles devraient être accessibles sur Meta pour permettre le partage d’informations importantes.

Les médias se sont bien adaptés

Augmentation de l’achalandage

Certains médias québécois ont observé une hausse d’achalandage après le blocage, allant à l’encontre des prévisions pessimistes.

Le cas spécifique du journal Le Devoir

Brian Myles, directeur du Devoir, indique que le blocage a même été bénéfique à long terme, avec une augmentation de 13% des abonnés numériques et un trafic accru via Google.

Efforts des Coops de l’information

Geneviève Rossier, directrice générale des Coops de l’information, déclare que ces médias ont réussi à compenser les pertes initiales grâce à l’adhésion aux infolettres et aux visites sur les sites web et applications.

La position de La Presse

À La Presse, le lectorat est resté stable malgré le blocage, car l’entreprise s’appuie depuis longtemps sur la fidélité directe de ses lecteurs.

Florence Turpault-Desroches, vice-présidente aux communications et à la philanthropie, précise que La Presse a misé sur son indépendance vis-à-vis de plateformes tierces.

Les habitudes de consommation d’informations

Le Centre d’études sur les médias a publié un rapport en juin dernier montrent que la consommation de nouvelles en ligne a augmenté de trois points de pourcentage parmi les Canadiens entre 2023 et 2024.

Des inquiétudes pour la démocratie

Le blocage des nouvelles par Meta soulève des préoccupations quant à ses conséquences pour la démocratie et la désinformation.

Préoccupations démocratiques

Florence Turpault-Desroches de La Presse exprime son inquiétude sur l’impact de la restriction d’accès à des nouvelles de qualité sur la démocratie.

Éric-Pierre Champagne, président de la FPJQ, partage cette inquiétude, soulignant le risque dans un contexte de polarisation accrue.

Désinformation abondante depuis le blocage

Alain Saulnier affirme que la désinformation occupe l’espace laissé par les médias sur Meta. Éric-Pierre Champagne cite des exemples de fausses nouvelles utilisant les images de marque des médias pour tromper les utilisateurs.

Le rôle des plateformes numériques

Pierre Trudel, professeur à l’Université de Montréal, considère que la censure de contenu médiatique par les plateformes est inacceptable et appelle à une réglementation renforcée.

Actions futures

Paul Deegan, PDG de Médias d’info du Canada, souligne l’importance de la collaboration entre les plateformes numériques et les médias pour offrir un contenu de valeur.

Le cabinet de la ministre St-Onge indique que la porte reste ouverte pour des négociations avec Facebook.

Position des experts

Pierre Trudel et Éric-Pierre Champagne appellent à une gestion plus responsable des contenus partagés sur les réseaux sociaux pour protéger la démocratie et contrer la désinformation.