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L’ancien journaliste hippique au look de dandy a joué un rôle capital dans la création du journal, en 1973, grâce à l’invention d’un modèle de fabrication inédit. Il est mort lundi à 87 ans.
Sommaire :
La Rencontre Déterminante
«L’idée a jailli un jour alors que nous nous croisions dans un couloir…» Ainsi commence l’histoire de Libération, née d’une étincelle entre Jean-Claude Vernier et Jean-René Huleu au printemps 1972. À la mort de Jean-Claude Vernier en décembre dernier, Jean-René Huleu se rappelait de cette rencontre fervente dont est né le journal.
Jean-Claude Vernier
Jean-Claude Vernier, un figure incontournable dans la presse française, a été l’un des moteurs de la naissance de Libération. Sa collaboration avec Jean-René Huleu a permis de créer un nouveau modèle de journalisme révolutionnaire pour l’époque.
Jean-René Huleu
Modeste, Huleu minimisait son rôle en affirmant qu’il n’avait fait qu’inventer un schéma technique inédit permettant l’édition d’un quotidien en photocomposition et en offset. Mais, en réalité, son ingénuité technique a été cruciale dans la mise en œuvre du projet politique du premier Libération. Sans ses innovations, le journal n’aurait peut-être jamais vu le jour.
La Flamboyance de Jean-René Huleu
Derrière la table décorée de fleurs où le quintette des fondateurs – Philippe Gavi, Jean-Paul Sartre, Jean-Claude Vernier, Serge July et Jean-René Huleu – annonçait le lancement du journal le 4 janvier 1973, Huleu se démarquait avec son look de dandy. Foulard autour du cou, cheveux longs, nombreuses bagues et ongles maquillés, il tranchait avec l’apparence des militants maoïstes qui l’entouraient.
Son Parcours Précédent
Avant Libération, Huleu était l’un des rares journalistes professionnels issus du milieu des journaux de turf. Apprenti horloger dans sa jeunesse, il quitte rapidement ce métier pour se lancer dans le journalisme au Patriote de Nice, où il croise notamment Louis Nucéra. Plus tard, il rejoint Week-end, un titre phare de la presse hippique.
Une Évolution Radicalement Nouvelle
Pour créer son propre journal, Huleu comprend rapidement que les techniques traditionnelles d’impression ne sont pas viables. Sa solution ? Utiliser l’offset pour réduire les coûts et éviter les contraintes du Syndicat du livre dominé par la CGT. Cette idée révolutionnaire permet la naissance de Libération.
Les Désillusions de Huleu
Jean-René Huleu devient le premier responsable de la fabrication de Libération, où il réalise notamment les premières unes. Mais, rapidement épuisé par la charge de travail, il constate que l’idéal initial commence à s’estomper. Il quitte finalement Libération en comprenant que le journal allait devenir comme les autres, ce qu’il préférait éviter.
Une Nouvelle Direction
Après son départ, Huleu se consacre aux Cahiers du cinéma et se passionne pour le Maghreb. Avec Marie-Odile Delacour, il se plonge dans l’œuvre d’Isabelle Eberhardt, une aventurière dont l’histoire spirituelle le dirige vers le soufisme. Cette nouvelle voie spirituelle est une quête qui l’anime tout autant que son engagement passé pour Libération.