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Condamnation de la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva
Procès à huis clos et verdict
Le tribunal de Kazan, situé dans la région centrale du Tatarstan en Russie, a condamné Alsu Kurmasheva, journaliste russo-américaine, à six ans et demi de prison le vendredi 19 juillet. Kurmasheva a été jugée coupable de diffusion de fausses informations concernant l’armée russe en Ukraine, une accusation fréquemment utilisée contre les critiques de la politique du Kremlin. Ce procès s’est déroulé à huis clos.
Le président de Radio Free Europe-Radio Liberty (RFE-RL), Stephen Capus, a dénoncé le procès comme une parodie de justice et a appelé à la libération immédiate de Kurmasheva. Ce média, où Alsu a travaillé depuis 1998, se concentre sur la couverture des communautés ethniques du Tatarstan et du Bachkortostan.
Réactions et contestations
Natalia Losseva, porte-parole du tribunal de Kazan, a confirmé la condamnation à l’agence Associated Press, mais n’a pas fourni de précisions sur les accusations spécifiques. Natalia Losseva a notamment affirmé que cette affaire était classée secrète. Pavel Butorin, le mari de Kurmasheva, a critiqué sur les réseaux sociaux le secret imposé par les autorités russes. Il a souligné que sa femme n’était pas accusée d’espionnage ou de trahison, et a déploré l’absence d’information sur les poursuites.
Le directeur de Current Time, une chaîne de télévision russe de RFE-RL, a également exprimé son indignation. Selon lui, ceux qui détiennent Alsu Kurmasheva semblent réticents à divulguer des informations relatives aux poursuites. Il a affirmé que sa famille et lui savaient qu’Alsu n’avait rien fait de mal.
Contexte du procès
Le procès a débuté le 18 juillet et s’est conclu le lendemain avec le verdict. Selon le média pro-gouvernemental rbc.ru, la journaliste a été accusée d’avoir diffusé de fausses informations dans le livre intitulé Non à la guerre. 40 histoires de Russes s’opposant à l’invasion de l’Ukraine. Ce livre, publié en novembre 2022 par Idel. Real, contient des témoignages de résidents russes sur l’invasion de l’Ukraine.
Les «Agents étrangers»
Début des ennuis juridiques
Les problèmes de Kurmasheva avec les autorités russes remontent à son retour à Kazan pour visiter sa mère malade en mai de l’année dernière. En quittant la Russie le 2 juin, elle a été interpellée pour ne pas avoir enregistré son passeport américain. Ses documents ont été confisqués, l’empêchant de quitter le pays.
Accusations et détention
Quatre mois plus tard, elle a été placée en détention provisoire pour n’avoir pas fourni les documents nécessaires à son inscription au registre des «agents étrangers». Les autorités la soupçonnant d’avoir recueilli des informations militaires sensibles utilisables à l’étranger. Cette appellation d’«agent étranger» est couramment utilisée pour désigner et restreindre les activités des individus et organisations qui reçoivent des financements étrangers.
Prolongation de détention et réaction internationale
Alsu Kurmasheva a passé neuf mois en détention provisoire, avec des prolongations répétées de sa détention. Son cas a attiré l’attention internationale, et en avril, le président américain Joe Biden a publiquement demandé sa libération, ainsi que celle d’un autre journaliste, Evan Gershkovich, accusé d’espionnage par la Russie. Joe Biden a déclaré que «le journalisme n’est certainement pas un crime».