Sommaire :
L’Arcom épingle une émission climatosceptique
L’autorité de régulation des médias a critiqué sévèrement une émission de l’animateur André Bercoff,
diffusée à l’occasion de la COP28 fin 2023. Bercoff avait invité un invité climatosceptique sans apporter
de contradiction à ses arguments.
Un avertissement inédit de l’Arcom
C’est un avertissement sans précédent dans le secteur des médias. L’Arcom, l’autorité de régulation de
l’audiovisuel, a émis une « mise en garde » à Sud Radio suite à des propos climatosceptiques tenus à l’antenne.
L’émission concernée, « Bercoff dans tous ses états », avait lieu en marge de la COP28 à Dubaï
fin 2023. L’animateur André Bercoff avait invité François Gervais, auteur de L’urgence climatique est un
leurre (L’artilleur, 2020), souvent associé à des thèses climatosceptiques et complotistes.
Réactions et implications
Une décision saluée par des associations
Réunie en assemblée générale le 26 mai, l’Arcom a constaté que plusieurs déclarations sur le changement climatique
allaient à l’encontre du consensus scientifique, avec un manque de rigueur et sans contradiction.
L’association Quotaclimat, qui avait saisi l’autorité, s’est félicitée de cette décision sur Linkedin,
la qualifiant de « première étape indispensable » pour améliorer la qualité de l’information environnementale
dans l’audiovisuel français.
Les propos contestés de François Gervais
Le 7 décembre 2023, François Gervais a déclaré à l’antenne que le réchauffement climatique est
« un bien » car « le froid tue beaucoup plus […] qu’un peu de chaleur ». Bien que le froid cause effectivement
plus de morts actuellement, la tendance est en train de changer. Santé publique France a calculé que depuis
les années 1970, le nombre de décès liés à la chaleur a doublé. Le dernier rapport du Giec avertit que d’ici
la fin du siècle, près des trois quarts de la population mondiale pourraient être exposés à des conditions
climatiques dangereuses, même en cas de fortes mesures d’atténuation.
Le débat scientifique sur le climat
Dénégations concernant l’origine humaine du réchauffement
Dans la même émission, Gervais a également insinué que le réchauffement actuel de +1,2°C par rapport à l’ère
industrielle n’était pas dû aux activités humaines. Cette position va à l’encontre du consensus scientifique
du Giec, qui affirme que l’humanité est « sans équivoque » responsable. Gervais a omis de mentionner que le
réchauffement actuel est plus rapide que celui des périodes chaudes précédentes.
Réponse de Sud Radio
Réactions de la direction de Sud Radio
Frédéric Jouve, directeur des programmes et du digital de Sud Radio, a déclaré à Libération qu’il ne
souhaitait pas commenter spécifiquement l’émission incriminée, mais qu’il prenait « très au sérieux les
observations et recommandations formulées par l’Arcom ». Il a également rappelé que la radio consacre
beaucoup de temps d’antenne aux questions climatiques avec des programmes réguliers.
Les prises de position de la direction générale
Patrick Roger, directeur général de Sud Radio, a affirmé avoir rappelé à André Bercoff l’importance de la
contradiction dans les débats. Tout en soulignant qu’il ne souhaitait pas restreindre la liberté d’expression,
il a noté que la désinformation climatique pourrait entraîner des sanctions financières pour la station en cas
de récidive.