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Le pouvoir des newsletters pour les journalistes indépendants
En 2019, Cari Wade Gervin a découvert une information importante, mais elle s’est heurtée au refus des médias locaux de la publier. Pour contourner cet obstacle, elle a décidé de créer sa propre newsletter, « The Dog & Pony Show », dédiée à la vie politique du Tennessee. Selon la journaliste, de nombreux responsables de rédaction hésitent à publier des sujets controversés de peur de perdre des abonnés. Ainsi, en lançant leur propre newsletter, les journalistes peuvent s’affranchir des contraintes imposées par leur hiérarchie ou les plateformes en ligne.
L’émergence de Substack
Comme Cari Wade Gervin, de nombreux journalistes frustrés ont opté pour Substack, une plateforme qui permet de créer des newsletters en partie payantes. Cette entreprise, lancée en 2017 avec le soutien d’investisseurs reconnus, offre aux journalistes la possibilité de monétiser leurs écrits tout en préservant leur indépendance. De célèbres journalistes ont quitté leur emploi dans des médias établis pour se lancer dans cette aventure.
Christopher Best, l’un des cofondateurs de Substack, explique que les réseaux sociaux mettent en avant des contenus clivants ou formatés en fonction des mots-clés populaires pour maximiser l’engagement et les revenus. Cela conduit à amplifier des informations sensationnalistes qui peuvent rendre les gens « fous ». Substack propose une alternative à ce phénomène en permettant aux lecteurs de recevoir directement les newsletters dans leur boîte de réception, sans passer par les réseaux sociaux.
La popularité croissante des newsletters
Substack n’est pas la seule plateforme à s’intéresser aux newsletters. Plusieurs médias, tels que The Dispatch, Puck News et Axios, ont également fait de cet outil un pilier de leur activité. Selon l’Institut Reuters d’étude du journalisme, 21 % des Américains lisent une newsletter d’information une fois par semaine, dont près de la moitié l’utilise comme source d’information principale.
Cependant, bien que de plus en plus d’entreprises de presse réorientent leur offre autour des newsletters, il est encore rare que des journalistes indépendants réussissent à vivre uniquement des abonnements à leur newsletter. Néanmoins, tant que des sujets ne seront pas suffisamment couverts par les grands médias, le besoin de nouvelles voix et de sujets sous-médiatisés persistera.
Le cas de Patrice Peck
Un exemple de sujet peu médiatisé est l’impact disproportionné du Covid-19 sur la communauté afro-américaine. Patrice Peck, une journaliste, a lancé en 2020 une newsletter dédiée à ce sujet. Selon elle, il reste de nombreux sujets sous-médiatisés et des voix qui ne sont pas entendues, surtout aux États-Unis où une grande majorité des journalistes sont blancs.