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Que peuvent bien avoir en commun la radio et la plante du manioc ?
Rien d’évident au premier abord, mais ces deux éléments sont les points cardinaux du spectacle Radio Maniok, que le collectif circassien réunionnais Cirquons Flex vient présenter au Cirque-Théâtre d’Elbeuf, dans le cadre du festival Spring.
Découvrez Radio Maniok
Dans ce spectacle unique en son genre, huit artistes réunionnais dépeignent tout en acrobaties et poésies, ce qu’a vécu l’île de la Réunion durant la période sombre de la Seconde Guerre mondiale. « Radio parce que c’était le seul contact avec l’extérieur et Maniok, car c’est une plante que l’on a dû mettre au goût du jour à la Réunion », précise cette jeune compagnie.
Un art hybride à la croisée des chemins
Exploité en circulaire sous chapiteau, Radio Maniok se révèle comme étant un art hybride à la croisée des chemins, où les dimensions textuelle, circassienne, chorégraphique et musicale trouvent une harmonie commune sur le même plateau.
Monsieur Nativel, l’homme du destin
Bloqué durant les périodes successives de confinements, une kyrielle de souvenirs traversent l’esprit de son artiste autodidacte, Vincent Maillot, dont celui d’une sortie en 2014, au cœur d’un village situé sur les hauts de l’ouest : « On faisait du cirque dans la rue, on est allé à la rencontre des gens et un homme âgé, monsieur Nativel, nous propose de venir prendre un café chez lui. »
Cet homme d’un âge avancé leur narre de bon cœur une multitude d’anecdotes, dont une précisément, se déroulant durant le second conflit mondial, sur l’île de la Réunion : « Il nous explique qu’il n’y avait plus de bateaux qui arrivaient, plus de vêtements. Il était obligé de s’habiller avec des sacs de patates, qu’il n’y avait plus de sous-vêtements et qu’il devait se débrouiller pour manger ce qu’il avait planté. »
Des questionnements et des portés circassiens
Dès lors, le collectif défriche le terrain et traque la moindre information qu’il peut trouver sur cette période traumatique de la mémoire réunionnaise. Il tombe alors sur Les Affamés de Saint-Denis, de Victor de La Rhodière. Pour Vincent Maillot, le langage circassien transcrit en tous points le caractère tragique de cette période au travers de cet ouvrage cristallisant les principaux enjeux de la compagnie.
On a cherché sur les portés acrobatiques, qui sont devenus notre dénominateur commun. Cela raisonne avec des questions de solidarité et d’entraide, ou comment les corps peuvent s’entasser, se projeter dans des équilibres, des formes stables et plus précaires.
Véritable enjeu territorial, Radio Maniok ne se réduit pas qu’à une simple vision graphique, mais veut perforer de manière frontale toute personne se trouvant aux abords du plateau par des émotions en rafale. « Ici, on rigole, on pleure, on est parcouru par des frissons, tout en parlant d’une histoire sensible en proximité avec le public. »
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