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Deux cultivent un air de famille avec l’univers des frères Coen.
Publié le 23 décembre 2023 à 07h05
Des gens bien (Arte.tv)
Bienvenue dans les Ardennes, à la frontière franco-belge. Tom et Linda Leroy, un couple criblé de dettes, tente de s’en sortir en échafaudant une arnaque à l’assurance. Une magouille de truands amateurs qui vire forcément à la catastrophe… Les réalisateurs et scénaristes belges Benjamin d’Aoust, Matthieu Donck et Stéphane Bergmans signent un polar truculent, mélange équilibré d’humour noir et de tension acérée, volontiers inspiré par le cinéma des frères Coen. Bérangère McNeese et Lucas Meister campent avec justesse le couple pathétique aux abois, aux côtés de figures burlesques (François Damiens, Corinne Masiero…) qui insufflent du rire dans le drame.
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Parlement (France.tv)
Une tragédie antique, la politique européenne ? C’est l’analyse avancée par Eamon, la pythie de Parlement. « Dans l’hémicycle, les contradictions politiques se résolvent toujours et cette mise en scène du conflit, et la catharsis qui en résulte, sont l’essence même de la démocratie », médite au détour d’un épisode l’impénétrable administrateur joué par William Nadylam. Une tragédie, peut-être… mais alors du genre hilarante. Les enfantillages dont usent et abusent ces parlementaires doux-dingues, sabotage de micro ou autre croche-pied rhétorique, ont peut-être pour noble finalité de mettre en jeu les rapports de force entre États membres, jusqu’à sonner l’heure du compromis. Il n’en reste pas moins que les gesticulations des attachés et chefs de groupe pour tirer la couverture à eux composent ici une impayable comédie de bureau (pour ne pas dire un vaudeville institutionnel).
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“Parlement”, saison 3 : l’Europe, machine molle et réservoir à gags
Polar Park (Arte.tv)
David Rousseau, auteur de polars à succès, se rend à Mouthe, village du Doubs réputé pour être le plus froid de France – il y a fait – 41ºC en 1985. Sa mère a séjourné dans un monastère de la région peu de temps avant sa naissance, et l’un des frères qui y vivent a un lourd secret à lui révéler. Mais il meurt la veille de son arrivée. « Heureux » hasard pour son inspiration en panne, un crime est commis au moment où Rousseau pose ses valises dans le seul hôtel du coin : un corps est retrouvé disposé comme dans le tableau de Van Gogh Autoportrait à l’oreille bandée et à la pipe. Il décide de prêter main-forte à l’adjudant Louvetot, chargé de l’enquête… Douze ans après son film Poupoupidou, Gérald Hustache-Mathieu réinvente sa comédie policière loufoque et émouvante. Le tout donne une série savoureuse et bien ficelée, à la croisée des frères Coen, de David Lynch et de Jacques Tati.
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“Polar Park”, sur Arte.tv : une drôle de série policière qui ne laisse pas de glace
Esterno notte (Arte.tv)
À l’enlèvement et à l’assassinat en 1978 d’Aldo Moro, le patron de la Démocratie chrétienne, par un commando des Brigades rouges, Marco Bellocchio avait déjà consacré, en 2003, le très beau Buongiorno, notte. Un film construit essentiellement comme un huis clos autour du rapport du captif à l’une de ses geôlières. Vingt ans plus tard, le cinéaste italien réexamine ce trauma national au prisme de nouveaux points de vue, extérieurs cette fois, dépliés au gré des six épisodes de cette minisérie magistralement menée. Le style, toujours alerte, participe à la densité d’une œuvre exempte de lourdeur, qui s’autorise même l’ironie dans le traitement de certains personnages. Le casting est aussi pour beaucoup dans cette franche réussite.
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“Esterno notte”, la série de Marco Bellocchio sur l’assassinat d’Aldo Moro : la relecture magistrale d’un trauma national
Sambre (France.tv)
Les séries true crime, on pensait en être saturés… Mais Sambre propose un regard singulier sur le genre. Celui de la journaliste Alice Géraud, coautrice avec le scénariste Marc Herpoux de cette adaptation fictionnelle de son enquête sur Dino Scala, dit « le violeur de la Sambre », qui agressa près de quatre-vingts femmes dans le nord de la France entre 1988 et son arrestation, en 2018. Le projet porte également la signature de Jean-Xavier de Lestrade, qui le met en scène. Grâce à la rigueur, à la conscience sociale, à l’empathie dont témoignent ces trois auteurs, le fait divers glauque devient fait de société, terrifiant mais éclairant.
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“Sambre” : une minisérie puissante sur “le violeur de la Sambre”