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Emmanuelle Jary, cofondatrice de la chaîne YouTube « C’est Meilleur Quand C’est Bon »
Emmanuelle Jary est la cofondatrice de la chaîne Youtube « C’est Meilleur Quand C’est Bon ». Journaliste culinaire pour divers journaux et magazines durant 20 ans (Saveurs, Paris Match, etc.), c’est en 2016 qu’elle commence à faire des vidéos filmées par son mari réalisateur Mathieu Pansard la mettant en scène en train de réaliser des recettes ou encore dans des restaurants dont elle a sélectionné les adresses. Désormais, elle cumule pas moins de deux millions d’abonnés et une revue papier trimestrielle du même nom a vu le jour lui permettant ainsi de renouer avec son métier qu’elle aime tant et être « son propre patron » comme elle aime à le souligner. Le numéro deux avec une enquête sur la consommation de viande est actuellement dans les kiosques et dès le 30 novembre 2023, le troisième numéro sera disponible avec un dossier sur le vin.
Entretien avec Emmanuelle Jary sur son projet « C’est Meilleur Quand C’est Bon »
La revue et la chaîne YouTube attirent-elles le même public ?
Quand on a lancé cette revue, on a fait une grosse campagne sur les réseaux sociaux pour recruter des abonnés et donc il y a une partie des personnes qui ont acheté, qui se sont abonnées, qui nous suivent et puis je pense qu’il y en a d’autres qui nous ont découvert comme ici aujourd’hui ou alors en kiosque.
Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer votre propre projet, votre propre chaîne YouTube ?
En fait, j’ai d’abord arrêté de travailler pour les autres parce que mes vidéos me prenaient tellement de temps que je ne voulais travailler que pour « C’est meilleur quand c’est bon ». Et puis un jour, ça m’a manqué, ça faisait quand même 20 ans que j’étais journaliste pour la presse écrite, j’adore écrire, et j’avais très envie de pouvoir être mon propre patron et de me dire : tout ce qui m’a été refusé dans la presse écrite, je le mets dans ma revue ! C’est moi qui décide des sujets avec les pigistes et la rédactrice en chef, Sylvie Gendron, qui m’accompagne aussi dans ce projet. En fait, c’est une continuité des vidéos. Par exemple, on est allés filmer le Fort des Rousses, dans le Jura et j’ai dit : c’est extraordinaire la filière Comté parce qu’elle est très vertueuse. Eh bien, il y a des internautes qui m’ont dit : Non, attention, il y a des choses qui ne sont pas forcément très vertueuses. Alors voilà, on a fait une enquête dans le numéro trois : Qu’est-ce qui est vertueux ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? Parfois, on prend parti. Pas toujours, mais en tout cas, j’essaye de peser le pour et le contre et de mieux comprendre puisque c’est la revue « Arrêtons de manger idiot ».
Qu’est-ce qui a rendu l’une de vos vidéos si populaire avec 40 millions de vues ?
Oui, tout à fait. C’est un ensemble de choses. Le restaurateur Erwan à Bourdonné dans les Yvelines, est un peu un personnage. Il est assez vivant et joyeux. Et puis moi, j’ai eu une larme d’émotion parce que cela m’a rappelé mes grands-parents et c’est venu comme ça, très naturellement. Je voulais le couper au montage et Mathieu Pansard a dit : Non, non, on le garde et le mélange de tout ça fait que cette vidéo a cartonné.
Quelle est votre approche dans le choix des restaurants que vous visitez ?
C’est le plus dur de notre travail parce qu’une fois que j’ai trouvé un bon restaurant, on sait faire. Mais le trouver… Je vais tester. Les internautes m’envoient énormément d’adresses, je note tout. On a un fichier Excel avec je ne sais pas combien d’adresses et quand je vais dans un département je regarde ce qu’il y a. Après je vais tester, je pose des questions.
« J’enquête, je suis journaliste et quand j’ai une bonne adresse, on va filmer. Trouver la bonne adresse, ce n’est pas simple. Et on paye nos additions ! »
Emmanuelle Jary, youtubeuse gastronomique
Quel est votre intérêt pour les petits restaurants méconnus ?
J’aime beaucoup les Étoilés, ils font un beau travail de défense de la gastronomie, mais ils n’ont pas besoin de moi puisqu’ils ont déjà beaucoup de visibilité dans les médias. En revanche, quand j’étais journaliste pour la presse écrite, certains petits restaurants me disaient : Mais pourquoi on ne parle jamais de nous ? Alors je me suis dit que j’allais parler d’eux.
Les restaurants que vous mettez en avant connaissent-ils un succès fulgurant suite à vos vidéos ?
C’est vrai. Par exemple, récemment à Paris, on avait une crêperie qui n’avait pas énormément de clients mais qui était absolument délicieuse. On a fait une vidéo sur eux et maintenant, elle est obligée de fermer le soir parce qu’elle n’arrive plus à faire la pâte à crêpes pour les deux services ! Il y a énormément de monde à midi et puis pour l’instant c’est fermé le soir. Mais elle est ravie. Nous, c’est notre but, c’est de mettre en avant tous ces gens qu’on aime et qui font de la bonne cuisine.
Avez-vous eu des propositions de chaînes de télévision pour décliner votre projet sur le linéaire ?
Oui. Beaucoup. On a toujours refusé parce que pour l’instant, ce qu’on me propose, c’est de faire ce qu’on fait déjà à la télé et comme Mathieu vient de la télé, il m’a dit : Je ne retournerai pas à la télé pour faire ce qui se fait à la télé, mais si un jour on me propose de faire comme j’ai envie, alors j’accepterai. L’envie de Mathieu, ça pourrait être pas de voix-off, pas de plan coupe, de la spontanéité. Une seule caméra.
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