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L’origine d’un nom : Une voiture nommée d’après un musicien
Il est rare de voir des voitures porter le nom d’un musicien. Giorgio Moroder, bien qu’il ne soit pas une star du hit-parade à proprement parler, a influencé la création d’une supercar unique à la fin des années 80. Cette supercar mérite amplement qu’on raconte son histoire tumultueuse.
Le rêve de Claudio Zampolli
Un ingénieur méconnu
Claudio Zampolli, un ingénieur moteur italien, commence sa carrière chez Lamborghini. En 1973, il se rend aux États-Unis pour réorganiser le réseau de distribution américain de la marque. Rapidement, il devient le fournisseur et l’entretien privilégié des célébrités d’Hollywood propriétaires de Lamborghini Countach.
Un rêve de supercar
Zampolli connaît bien les limites de la Countach, une supercar emblématique mais imparfaite. En tant qu’ingénieur, il rêve de concevoir sa propre supercar, semblable à la Countach mais en mieux. Cependant, il a besoin de fonds pour concrétiser ce rêve.
Giorgio Moroder : Un nom de star et des finances
Un talent musical autodidacte
Giorgio Moroder, né en 1940 à Bolzano en Italie, est un autodidacte de la musique. Sa carrière débute en tant que guitariste dans des groupes modestes et comme accompagnant d’artistes tels que Johnny Hallyday. Sa carrière solo démarre doucement malgré un disque d’or pour Looky, Looky en 1969.
Une carrière explosive
Moroder collabore avec Pete Bellotte, un compositeur de disco. Ensemble, et avec Donna Summer, ils réalisent des tubes planétaires tels que Love to Love You, I Feel Love, et Hot Stuff. Le studio qu’il fonde à Munich enregistre les plus grands succès de groupes comme les Rolling Stones, Deep Purple, Led Zeppelin et Queen. Comme producteur, Moroder travaille aussi avec Elton John, Eurythmics, David Bowie, et Blondie.
Hollywood et la musique de film
Moroder se tourne vers la musique de film en 1978, obtenant un Oscar pour Midnight Express. Il contribue également à des films tels qu’American Gigolo, Flashdance et Top Gun, faisant de lui un nom réputé à Hollywood. Il compose également pour les JO de Los Angeles et de Séoul ainsi que pour la Coupe du Monde de football en 1990.
Une collaboration automobile
Grâce à son succès, Moroder accumule des richesses, qu’il dépense en voitures de luxe. Il fait entretenir ses véhicules chez Zampolli, ce qui les rapproche. Moroder décide d’investir dans le projet de supercar de Zampolli, aboutissant à la création de la société Cizeta. Le nom, dérivé des initiales de Zampolli en italien, est associé au nom de Moroder.
La naissance de la Cizeta-Moroder V16T
Conception et ingénierie
Zampolli réunit des anciens de chez Lamborghini pour créer une supercar qui surpasse la Countach. Le châssis est une structure multitubulaire avec des triangles aux quatre roues et des freins ventilés Brembo. Le moteur, conçu par Oliviero Pedrazzi et Achille Bevini, est un impressionnant V16, assemblé à partir de deux V8 de Lamborghini Urraco, délivrant 540 chevaux.
Design par Marcello Gandini
Marcello Gandini, le designer de la Countach, est chargé de concevoir la Cizeta-Moroder V16T. Le design final ressemble beaucoup à celui de la Lamborghini Diablo, une autre création de Gandini. La Cizeta-Moroder affiche un style large et imposant, avec des phares avant pop-up et des feux arrière empruntés à l’Alpine GTA.
La Cizeta V16T sans Moroder
Départ de Moroder et production limitée
Les tensions durant le développement conduisent au départ de Moroder du projet. La première Cizeta V16T est livrée en 1991, sans le nom de Moroder. Seulement neuf voitures sont produites et vendues, avec quelques châssis non achevés terminés entre 1999 et 2003. La crise financière et les changements de réglementation automobile mènent à la fin de l’aventure en 1993.
Une voiture exclusive
Malgré son faible succès commercial, Zampolli considère la production de la Cizeta V16T comme un succès en raison de son exclusivité. La Cizeta-Moroder V16T reste un symbole unique d’une aventure automobile audacieuse.
Photos : Wikimedia Commons, Cizeta Automobili, Wheelsage et RM Sotheby’s