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Une dizaine de sans-papiers assignent leurs employeurs aux prud’hommes
Une dizaine de sans-papiers ont décidé d’assigner leurs employeurs aux prud’hommes pour les avoir exploités sur les chantiers des Jeux olympiques de 2024. Cependant, il s’avère qu’en réalité une centaine de travailleurs clandestins ont été identifiés, dont certains auraient été recrutés par un réseau franco-turc. Ces ouvriers originaires d’Afrique subsaharienne étaient employés dans des conditions précaires, sans contrat de travail ni avantages sociaux, par neuf entreprises sous-traitantes des géants du secteur que sont GCC et Spie-Batignolles.
Des conditions de travail difficiles et des abus
Ces travailleurs sans-papiers étaient exploités sur différents chantiers liés aux Jeux olympiques. Ils étaient payés de manière irrégulière, soit en liquide, en chèque ou par virement bancaire. Les recrutements se faisaient essentiellement par le bouche-à-oreille au sein des diasporas africaines d’Île-de-France. Ils devaient acheter eux-mêmes leur matériel de protection et étaient souvent blessés dans l’exercice de leur travail sans bénéficier d’une prise en charge adéquate. Dès qu’ils manifestaient leur intention de régulariser leur situation, ils étaient renvoyés.
Des entreprises sous-traitantes qui disparaissent
Deux donneurs d’ordres et neuf entreprises sous-traitantes ont été identifiés dans le cadre de la procédure lancée par les travailleurs sans-papiers. Toutefois, trois de ces entreprises sous-traitantes ont mystérieusement fermé leurs portes. Par une procédure amiable, elles ont été radiées des registres du commerce, rendant ainsi impossible toute action à l’encontre de leurs anciens gérants. Deux autres entreprises mises en cause se sont placées en liquidation judiciaire avant le début de la procédure prud’homale. Si les travailleurs devaient être indemnisés, la somme ne serait pas payée par leurs anciens employeurs, mais par l’Association de Garantie des Salaires (AGS), financée par les cotisations patronales.
Un réseau franco-turc impliqué
En plus de la première procédure, 14 autres travailleurs sans-papiers ont assigné leurs employeurs aux prud’hommes. Cela concerne cette fois-ci 11 sociétés supplémentaires, dont au moins neuf ont également été placées en liquidation. Ces sociétés fonctionnent selon un modèle similaire à celui observé dans la première procédure. Elles ont un caractère éphémère avec un capital social très faible et des bureaux de domiciliation souvent dans des boîtes aux lettres. Parmi les gérants identifiés, la majorité sont turcs ou français d’origine turque. Il semble également y avoir des liens entre certaines de ces sociétés et les installations olympiques.
Une situation complexe à régler
La situation des travailleurs sans-papiers sur les chantiers des Jeux olympiques est préoccupante. Les donneurs d’ordres et les organismes de supervision ont du mal à contrôler ces pratiques illégales, malgré des mesures de vérification mises en place. Les autorités compétentes ont été saisies et des plaintes ont été déposées. Cependant, la procédure risque d’être longue et complexe, notamment en raison des entreprises qui disparaissent et des difficultés dans l’identification des responsabilités. Il reste encore beaucoup de travail à faire pour améliorer les conditions de travail et lutter contre l’exploitation des travailleurs sans-papiers sur les chantiers des Jeux olympiques.