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La fermeture des antennes locales d’Europe 2
Les auditeurs entendaient cette voix pour la dernière fois. Elle qui les a accompagnés durant 39 ans sur les ondes altiligériennes – et pas seulement celles d’Europe 2. Les stations radiophoniques sont dans l’œil du cyclone. Europe 2, à l’instar d’autres radios, se trouve face à des difficultés économiques qui l’ont conduite à fermer des antennes locales : Dunkerque, Clermont-Ferrand, Brive-la-Gaillarde, Nice et Le Puy-en-Velay. La réorganisation des antennes voulue par le groupe Lagardère se double d’une mutualisation des moyens et des personnels d’Europe 2 et de RFM par souci d’économie. Des départs sur la base du volontariat ont donc été actés, dont celui de la voix altiligérienne d’Europe 2, José Giat.
La fin des infos locales dans la matinale d’Europe 2
Autrement dit, les infos de la matinale d’Europe 2 ne traitent désormais plus de l’actualité locale, mais nationale. Homme de terrain, José Giat a eu à cœur tout au long de ces années passées derrière le micro d’Europe 2 de « se faire l’écho de l’actualité locale et mettre en avant les talents du territoire, avec le Velay en cœur ».
J’ai frappé à toutes les portes à Lyon, même à celle de Superloustic, une radio pour enfants, mais la demande était saturée. C’est ce qui m’a conduit au Puy-en-Velay que je connaissais pour y passer mes vacances
Un retour sur sa carrière dans les radios locales
C’est donc une page qui se tourne pour l’histoire de la radio en Haute-Loire, mais aussi pour le journaliste, qui se souvient comme si c’était hier quand, en novembre 1984, le jeune Lyonnais qu’il était débarquait au Puy-en-Velay pour réaliser un rêve d’enfant en surfant sur la vague des radios libres : devenir animateur.
Francis Graille est alors le patron de Radio Haute-Loire, créée en 1983 et dont les quatre bailleurs de fonds sont le Conseil général, la presse écrite (le quotidien L’Éveil de la Haute-Loire et l’hebdomadaire diocésain Renouveau), les Chambres interconsulaires et les sociétés mutualistes de crédit. L’homme de médias lui donne sa chance : voilà José Giat propulsé à l’antenne au studio du boulevard Philippe-Jourde. « J’animais des émissions musicales, on avait une grande marge de manœuvre », se souvient-il.
On le retrouve fin 1985, journaliste cette fois, au micro de Radio 43, boulevard Saint-Louis, aux côtés de Claude Couade et François Jouen. En 1987, le groupe de médias Centre France signe un accord avec le groupe Lagardère pour diffuser le programme d’Europe 2 dont il deviendra la voix jusqu’à aujourd’hui.
Souvenirs et rencontres avec des personnalités
En presque quarante ans de carrière, José Giat va traverser bien des révolutions notamment techniques. « À mes débuts, je travaillais avec des magnétos à bande et des tourne-disques ; aujourd’hui, tout est informatisé. La radio s’est professionnalisée. Je ne pensais pas durer aussi longtemps dans le métier. Je remercie toutes les personnes que j’ai croisées, j’ai bien conscience d’avoir eu une chance exceptionnelle ».
Des anecdotes, José Giat en livre volontiers. « Quand on fait ce métier, on a la chance de ne pas avoir une journée qui se ressemble et de rencontrer des gens qu’on n’aurait pas croisé autrement. Il y a ceux qu’on côtoie tous les jours et ceux qui sont de passage en Haute-Loire. Quand j’ai commencé la radio, la première personne marquante a été Jacques Barrot. J’ai été frappé par le charisme du personnage », souligne-t-il.
De l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing, il conserve le souvenir d’un « Face à la presse » qui l’amuse encore. « Il voulait être maquillé exactement de la même manière et avec les mêmes produits que lorsqu’il passait dans des émissions de télé car France 3 le filmait. On a eu toutes les peines du monde pour trouver une maquilleuse au Puy-en-Velay, mais on a fini par trouver ! », s’amuse-t-il.
Il se souvient aussi d’un Jacques Chirac président de la République « très convivial » avec lequel il a déjeuné à la Commanderie Saint-Jean ou plus récemment de « la simplicité » du prince Albert de Monaco, de passage à Polignac.
José Giat n’a pas rencontré que des hommes politiques durant sa longue carrière : le groupe Gold, qui se produisait au théâtre du Puy par exemple, a laissé un souvenir inoubliable au jeune professionnel qu’il était… « J’ai réalisé l’interview du chanteur Émile avec un magnétophone qui ne marchait pas ! Pas de bande, pas de pile, je ne sais plus… J’ai conduit l’interview en lui faisant croire que tout fonctionnait… Et bien sûr, elle n’a jamais été diffusée sur les ondes ! ».
Il se souvient aussi du « caractère festif » de Gilbert Montagné lors d’une fête de la Saint-Gal à Langeac, du « bout de saucisson et du verre de vin » partagés avec l’humoriste Laurent Gerra au Palais des spectacles de Vals-près-Le Puy ou encore de son micro qui « tremblait » au moment de le tendre à Michel Sardou.
Il cite volontiers aussi l’acteur Christophe Lambert – sujet du premier article qu’il proposait dans les colonnes de L’Éveil avec lequel il a collaboré plusieurs années. Et de citer encore le pilote Richard Sainct, le footballeur Alain Giresse rencontré lors d’un match de charité à Brioude et le chef étoilé Paul Bocuse à la foire aux champignons de Saint-Bonnet-le-Froid qu’il animait… « Pour moi c’était un Dieu ! Alors avoir pu l’approcher a été un réel bonheur ! ».
La passion de la radio et l’évolution du métier
Leur point commun ? « Leur gentillesse, leur charisme et leur capacité à se mettre à la portée de tout le monde ». Voilà ce qui touche José Giat, sans doute parce que cette simplicité le caractérise aussi comme ont pu s’en apercevoir tous ceux qui, et ils sont nombreux, ont croisé son micro aux quatre coins du département. « On a la chance énorme de côtoyer les gens qu’on interroge. C’est un garde-fou : quand on sort une connerie, on nous le dit tout de suite ! ».
Et d’ajouter : « On témoigne de ce que l’on voit. Aujourd’hui, les gens ont envie de venir en Haute-Loire et s’investir, je m’en aperçois dans mon travail au quotidien. Ce département n’est pas un “trou paumé”, au contraire ! C’est sans doute en matière d’attractivité que le territoire a le plus évolué ».
Son métier aussi a bien changé et le journaliste reconnaît volontiers que « le plus frustrant est de n’avoir eu que des fenêtres de 2 minutes 30 à combler alors qu’avant on faisait de grandes émissions avec des invités. Mais il faut l’accepter. On ne consomme plus la radio comme avant. Aujourd’hui, tout est instantané, les réseaux sociaux sont de vrais médias où on balance tout, pour le pire et le meilleur. On est à un tournant et les groupes de presse se réorganisent pour s’adapter à la situation ».
À 58 ans, José Giat n’entend pas raccrocher ; il va se consacrer à sa société, Canal presse créée il y a une dizaine d’années. Elle propose trois prestations : l’animation d’évènements (foires, tables rondes thématiques…), du conseil en communication aux médias auprès des entreprises et du rédactionnel (entreprises, collectivités, etc.).
Nathalie Courtial