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Traquer, harceler, épier : le stalking dans notre société
Traquer, harceler, épier : voici comment on pourrait traduire le stalking dans un sens littéral. En France toutefois, le stalking est tombé dans le langage courant, résumant le fait d’espionner sur les réseaux sociaux généralement son ou ses ex. Et 64% des jeunes âgées de 15 à 34 auraient déjà consulté le profil d’une ancienne relation intime, a révélé un sondage IFOP pour Lemon, le 6 novembre 2023.
Car « le numérique a élargi le spectre de nos comportements amoureux », commence Géraldyne Prévot-Gigant, psychopraticienne et auteure de Les femmes et l’amour. Comment bien vivre l’amour à l’heure du dating, du ghosting et du zapping (Leduc, 2023).
Pour l’experte en relations amoureuses, stalker « c’est observer, guetter, voire espionner, les comportements de notre ex. On regarde son fil d’actualités sur les réseaux sociaux, on voit si la personne est en ligne, qui like ses posts, qui les commentent, qui sont ses amis, ce qu’il fait. »
Comportements amoureux et réseaux sociaux
Mais alors que l’ère des réseaux sociaux et de l’hyperconnexion a changé la manière dont nous vivons nos ruptures amoureuses et que consulter le profil de ses anciennes relations s’est largement démocratisé, ce comportement n’est pourtant pas encore totalement admis. Ainsi, pourquoi faut-il arrêter de culpabiliser celles et ceux qui stalkent leurs exs sur les réseaux sociaux ?
Deuil inachevé et mal-être post-rupture
Car tout d’abord, stalker sa ou ses anciennes relations peut s’avérer révélateur d’un mal-être post-rupture.
« Lorsqu’on arrive pas à accepter une séparation, à la comprendre, on va avoir besoin d’informations. Cette recherche d’informations est pour s’aider soi-même à faire le deuil. D’une part on arrive pas à faire le deuil, à passer à autre chose, et d’autre part, cela nous amène à chercher quelque chose qui nous donnera la force de passer à autre chose. On peut constater que notre ex a une autre vie ou a déjà rencontré quelqu’un. Ce mal nous propulse vers la suite, nous aide cruellement à tourner la page », explique Géraldyne Prévot-Gigant.
Une façon de passer plus vite à « l’après » séparation, alors qu’on consciente progressivement la fin de la relation.
Réflexions sur le comportement de stalking
« Regarder en arrière est une façon de digérer et de métaboliser nos vies et de comprendre les sentiments complexes que nous éprouvons […] Certaines personnes stalkent leur ex parce qu’elles ne sont pas du tout à l’aise dans leur vie actuelle et qu’elles essaient de combler un grand vide avec un sucre d’orge émotionnel. Il peut s’agir d’une envie de sucre momentanée pour voir ce qu’ils font, mais cela s’accompagne ensuite d’un blues du sucre », ajoute la psychothérapeute Jennifer Freed au média Bustle.
Les réseaux sociaux ont changé notre façon d’aborder les ruptures
Mais en plus de refléter un mal-être psychique et une envie de tourner la page, le stalking semble inévitable dans nos sociétés modernes.
« Les smartphones et le numérique ont compliqué les ruptures. Les clics, l’entrée en contact et la déconnexion sont devenues tellement rapides que cela fausse notre rapport au monde et aux autres. On dit que c’est ‘virtuel’ mais il faut réaliser que la vie ‘réelle’ est aussi sur nos écrans, sur nos smartphone, sur nos réseaux. Et cela complique davantage nos ruptures : on se retrouve éjecté de la vie de l’autre et pourtant on a entièrement accès à sa vie. C’est un vrai paradoxe », reprend l’experte Géraldyne Prévot-Gigant