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Le futur du journalisme : une question essentielle
La question de l’avenir du journalisme a été abordée lors d’une soirée à la Maison de la Radio par la chroniqueuse Mathilde Serrell, qui a admis que cela pouvait être perçu comme une provocation. Cependant, dans un contexte où les médias optent pour l’utilisation de l’intelligence artificielle à la place des présentateurs, où la recherche du sensationnalisme sur les réseaux sociaux est de plus en plus présente et où la méfiance des citoyens envers les médias augmente, il est indéniable que le « quatrième pouvoir » est confronté à des difficultés. Ainsi, la question soulevée par la présidente de la cour du Tribunal pour les Générations Futures est la suivante : « Le journalisme tel qu’on le connaît – sourcé, vérifié et nuancé – a-t-il encore un avenir ? »
Quatre témoins ont ensuite été interrogés par un « avocat » et un « procureur » pour défendre leur point de vue sur la question avec sérieux et humour. Les arguments des deux camps sont résumés ci-dessous.
Oui, le futur du journalisme est menacé
1 – Parce que l’info est partout et que les journalistes sont devenus superflus
Thierry Keller, le procureur, soutient que face à la surabondance d’informations sur les réseaux sociaux, les journalistes en tant qu’intermédiaires entre l’information et le peuple sont devenus inutiles. Selon lui, ce sont les citoyens, les ONG et les activistes qui vivent les situations et les ressentent qui nous informent réellement. De plus, les chiffres montrent que la confiance dans les médias diminue, avec 57% des Français se méfiant de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité.
2 – Parce qu’il n’y a plus de neutralité journalistique
Un argument récurrent lors des échanges est que le journalisme « nuancé, sourcé et vérifié » laisse place à un journalisme d’opinion, engagé et partial, pour répondre à la recherche du buzz. Thierry Keller qualifie même Paloma Moritz, journaliste écologie et société chez Blast, de « lanceuse d’alerte ». Cette dernière réfute l’existence de la neutralité journalistique en citant Alice Coffin, et affirme qu’il est important d’avoir un journalisme engagé pour faire face à l’absurdité du monde, l’urgence écologique et les inégalités croissantes. Ainsi, selon elle, le journalisme ne meurt pas, il évolue.