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L’IA, un outil formidable, mais…
Sans conteste, l’IA permet de formidables économies d’échelle. À Radio France, elle est utilisée depuis 2016 pour des usages très pratiques de retranscription des émissions en temps réel. « Il s’agit d’une utilisation positive de l’intelligence artificielle car auparavant, le journaliste devait tout retranscrire à la main, ce qui était long et fastidieux », explique Estelle Cognacq, directrice adjointe de Franceinfo, chargée du numérique et directrice de l’agence Radio France. Très utiles également, les outils de détection d’actualités imprévisibles : grâce à certains tweets décelés par l’IA, certaines rédactions ont été au courant immédiatement d’événements comme les attentats de Strasbourg ou en Belgique.
L’utilisation de l’IA par Radio France
L’IA est utilisée par Radio France depuis 2016 pour la retranscription des émissions en temps réel, ce qui permet de gagner du temps par rapport à la retranscription manuelle. De plus, les outils de détection d’actualités imprévisibles permettent aux rédactions de prendre connaissance rapidement d’événements importants grâce à certaines informations détectées par l’IA, comme des tweets.
Détecter la manipulation de l’information : de l’analyse critique à l’IA critique
L’Agence France Presse a elle aussi été bouleversée il y a environ un an avec l’arrivée des IA génératives accessibles au grand public comme ChatGPT ou Midjourney, notamment dans le domaine de l’image. Elle a lancé AFP Factuel, présent dans 85 pays avec 140 journalistes dans 26 langues, qui traite des affirmations douteuses qui circulent sur internet et qui sont potentiellement nuisibles. « Nous traitons de sujets d’intérêt public qui ont une certaine viralité sur les réseaux sociaux », résume Alexis Orsini, journaliste « fact-checker » au sein du service. Avec parfois, un travail de fourmi pour remonter la source de certaines images produites avec l’IA. « La meilleure arme que l’on a, c’est de revenir à la toute première occurrence sur le web pour trouver son auteur. Ce sont des méthodes hyper manuelles, confie Juliette Mansour, journaliste « fact-checker » au sein du service AFP Factuel qui se veut optimiste quant à notre capacité à reconnaître le vrai du faux. Il faut faire appel à son sens de l’analyse : plein d’indices se cachent dans les photos. »
L’utilisation de l’IA par l’Agence France Presse
L’Agence France Presse utilise également l’IA, en particulier dans le domaine de l’image, avec l’arrivée des IA génératives accessibles au grand public. AFP Factuel, le service de l’AFP qui traite des affirmations douteuses sur internet, utilise l’IA pour remonter la source de certaines images produites avec cet outil. Cependant, Alexis Orsini et Juliette Mansour soulignent que malgré l’utilisation de l’IA, il est important de faire appel à l’analyse manuelle pour détecter les fausses informations.
Reporters sans frontières : relever les enjeux de déontologie, d’indépendance et de droit
Reporters sans frontières s’est emparé du sujet en créant, en juin 2022, sur le principe de la Charte de Munich, référence européenne de la déontologie du journalisme, une Charte de Paris pour l’IA. « L’enjeu était de réunir des experts aux sensibilités diverses pour aboutir à un consensus sur les valeurs communes à défendre pour préserver les spécificités des journalistes », explique Vincent Berthier, responsable du desk technologies de RSF. Ce document repose sur 10 principes portant sur la production, la collecte et la diffusion de l’information.
RSF a également lancé le projet Spinoza, avec pour premier partenaire l’Alliance pour la presse d’information générale, qui regroupe une douzaine de groupes de presse. Cette démarche expérimentale vise à fabriquer en interne un outil d’intelligence artificielle opérant sur les données que les rédactions mettent à sa disposition, afin que ces dernières s’affranchissent des IA qui ne leur appartiennent pas. Enfin, RSF a lancé un troisième projet sur les deep fake – ou infox vidéo – avec la création d’un délit international d’usage de ce procédé.
Les actions de Reporters sans frontières
Reporters sans frontières a mis en place une Charte de Paris pour l’IA, sur la base de la Charte de Munich qui est une référence européenne de la déontologie du journalisme. Cette charte repose sur 10 principes concernant la production, la collecte et la diffusion de l’information. RSF a également lancé le projet Spinoza, en partenariat avec l’Alliance pour la presse d’information générale, visant à développer en interne un outil d’IA utilisant les données fournies par les rédactions elles-mêmes. De plus, RSF travaille sur la problématique des deep fake, en créant un délit international pour leur utilisation.