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Franz Beckenbauer, légende du football mondial, décède à l’âge de 78 ans
Franz Beckenbauer, l’une des plus grandes légendes de l’histoire du football mondial, s’est éteint ce dimanche à l’âge de 78 ans des suites d’une longue maladie. Vainqueur avec l’Allemagne de la Coupe du Monde comme joueur (1974) et sélectionneur (1990), double Ballon d’Or (1972 et 1976), sa carrière aura été auréolée de succès. Les hommages affluent ce dimanche depuis l’annonce de son décès.
Franz Beckenbauer à l’Olympique de Marseille en 1990
Le « Kaiser » a aussi passé quelques mois à l’Olympique de Marseille en 1990, recruté par Bernard Tapie comme directeur technique au cours de l’été, avant de prendre le poste d’entraîneur de septembre à décembre, sans réussite. Ces quelques mois passés en France l’ont amené au début de la saison 1990/1991 à assister à un match de Rennes au Parc des Sports de la Route de Lorient. L’anecdote aurait pu en rester là, mais le culot d’un jeune journaliste de l’époque en a décidé autrement.
Quand Franz Beckenbauer devient consultant pour la radio locale Fréquence Ille
Aujourd’hui journaliste à TVR, Vincent Simonneaux officiait à l’époque comme commentateur des matchs du Stade Rennais pour la radio Fréquence Ille. Le souvenir date d’il y a plus de 30 ans, et l’affiche du jour ne lui est pas restée en tête. On peut raisonnablement penser que Franz Beckenbauer est alors directeur technique de l’OM, qu’il n’a pas encore pris les commandes de l’équipe première comme coach, et vient superviser Rennes ou son adversaire.
Vincent Simonneaux raconte : « Un type me tape sur l’épaule, il est assis derrière moi dans la tribune de presse, je me retourne : c’est Beckenbauer ! Beckenbauer je l’ai vu tout gamin, c’est la grande équipe d’Allemagne 74, c’est le « Kaiser Franz », la classe absolue. Je suis un petit peu intimidé, et en anglais il me montre la feuille de match et me demande des tuyaux à la fois sur l’équipe de Rennes et l’adversaire. Je lui réponds comme je peux en anglais aussi, il est souriant, il est tout seul, moi aussi. Et quand le match va commencer, je prends mon courage à deux mains et je lui demande si ça ne le dérange pas de commenter le match avec moi, ou du moins de me faire part de ses commentaires par moment, et le type me dit oui, pas de problème ! Ce qui fait que j’ai commenté le match avec lui. Ce n’était pas vraiment un consultant, il est resté assis à sa place derrière moi, mais je me retournais pour lui demander ce qu’il en pensait et à chaque fois il a répondu avec le sourire en prenant de la hauteur par rapport à ce qu’il se passait sur le terrain. C’est un très très grand moment pour moi professionnellement, un super souvenir, et ça m’a attristé d’apprendre sa disparition il y a quelques heures. »
« C’était un grand seigneur, Franz Beckenbauer »
Un moment complètement inattendu, improvisé, et aussi un vrai challenge radiophonique puisque les échanges se font en anglais entre le journaliste et la légende. Vincent Simonneaux doit traduire aux auditeurs. Il poursuit : « D’abord, je me souviens avoir dit aux auditeurs : « Vous n’imaginez pas qui est derrière moi : Franz Beckenbauer ! Il va nous dire quelques mots, il va nous faire vivre aussi son match et la façon dont il analyse ce qui se passe sur le terrain. » Donc je commentais, je commentais beaucoup. Et puis par moments, ou quand il y avait un temps mort ou qu’il y avait quelque chose qui me paraissait intéressant, je me retournais. Je me souviens que j’avais un micro avec un fil qui n’était pas tellement long, et je tendais le bras pour aller jusqu’à lui. Il se penchait donc vers le micro pour essayer d’entendre ce que je disais dans mes questions et pour répondre. C’était un petit peu improvisé tout ça. Mais il a joué le jeu ! C’est quelqu’un qui a été reçu sur les plateaux télé, dans les radios du monde entier. Il n’était pas du tout obligé à chaque fois de se pencher et de répondre au gamin qui avait 30 ans ou un peu moins et qui commentait le match devant lui sur un dans un stade de province. Et il l’a fait. Quand on dit que c’était un grand seigneur, oui, c’était un grand seigneur Franz Beckenbauer. »
Le personnage a laissé à Vincent Simonneaux un souvenir à la hauteur de sa légende de footballeur sur le plan humain : « Le type, il est auréolé de toute sa gloire et de ses années où il a survolé en défense le football mondial. Mais là : très gentil, très humble, une prestance évidente, mais que moi je n’ai pas ressentie. J’ai surtout senti qu’il parlait beaucoup mieux anglais que moi. Donc je faisais de gros efforts pour ne pas avoir l’air du zozo de province qui parle moins bien que lui. Je crois me souvenir que ça s’était plutôt pas mal passé. On a commenté le match, et un petit peu avant la fin je me souviens quand même qu’il est parti, qu’il m’a fait un petit signe. Ainsi s’est achevée ma petite épopée avec Franz Beckenbauer. »
La bande sonore de la rencontre a un temps été conservée par Fréquence Ille, mais Vincent Simonneaux ne l’a lui jamais dupliquée. Nul doute que le souvenir restera gravé à jamais.
