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Une école récente
L’École de journalisme de Cannes, ou EJC (cej.education/cannes-cej/), a été créée en 2003. Elle est reconnue par l’État depuis 2013, ce qui en fait la dernière école de journalisme à avoir obtenu le précieux sésame. Elle contient donc très peu d’élèves, 28 par classe. Elle fait partie de l’IUT Nice Côte d’Azur et peut s’intégrer après le bac. L’école propose un DUT en deux ans et les étudiants peuvent ensuite faire une licence professionnelle en journalisme audiovisuel. Les candidats sont recrutés sur dossier, puis via un examen oral. L’EJC propose quatre et huit semaines de stage au cours des deux ans de formation, ainsi qu’un partenariat avec l’Oslo Metropolitan University, qui est la plus ancienne école de journalisme de Norvège, et l’École supérieure de journalisme et de communication de Casablanca (Maroc) pour permettre à ceux qui le souhaitent d’étudier à l’étranger. L’école a également un partenariat avec l’armée de Terre, ce qui permet aux étudiants des immersions dans des camps d’entraînement, donc une expérience adaptée de journaliste de guerre.
Une appétence pour la presse régionale
Étant donné sa jeunesse, l’EJC n’a encore que peu de journalistes en poste à mettre en avant. Côté enseignants, l’école mise beaucoup sur la presse quotidienne régionale, ou PQR, presse dans laquelle les étudiants sont d’ailleurs obligés de faire leur premier stage. Une position facilement défendable au reste, car c’est cette presse qui est d’abord lue par les Français lorsque l’on sort de Paris. Les professeurs de l’EJC viennent ainsi principalement de Nice-Matin et de France 3 Provence. Un attrait pour le local qui se retrouve sur les réseaux sociaux : le compte X (ex-Twitter) de l’école est peu actif, en-dehors des live-tweets portant sur des matches locaux et du festival de Cannes.
Une éducation à la bien-pensance comme ailleurs
La bien-pensance qui fait fureur dans les écoles de journalisme ne semble pas avoir épargné celle de Cannes. Ainsi, parmi les compétences évaluées, on trouve celle de « garantir une information indépendante qui participe au débat public ». Jusque-là, rien de bien condamnable, mais cela se gâte lorsqu’on examine le détail de cette compétence. Il s’agit, entre autres choses, d’adopter « une posture éthique non-stigmatisante » avec étude de la « déconstruction des clichés et des stéréotypes, égalité hommes-femmes, sensibilisation aux discriminations liées au genre, au sexe, à la religion, aux origines ethniques ». De quoi préparer des journalistes plus enclins à dénoncer de supposées violences policières contre les personnes issues de l’immigration qu’à s’interroger sur la sur-représentation de ces mêmes personnes dans les plaintes pour agressions et autres délits.
L’écologie en bonne place
Sujet de plus en plus prégnant chez les jeunes, l’écologie, ou plutôt sa vision imposée par la gauche, détient une place importante à l’EJC. La page Facebook de l’école rassemble de nombreuses vidéos détaillant l’impact écologique de l’industrie du vêtement. Une série presque ironique lorsqu’on connaît les difficultés que rencontre le secteur de la mode de milieu de gamme, avec de plus en plus de fermetures de magasins et des conséquences sociales importantes, notamment à cause des emplois supprimés. D’un autre côté, la série « Greenwashing », que l’on trouve sur sa chaîne YouTube, interroge les mobilités douces, en précisant notamment que les trottinettes électriques génèrent plus de CO2 que le métro et sont responsables de nombreux accidents. La personnalité invitée à cette occasion détaille également les difficultés de production et de recyclage de ces trottinettes et aborde la question des métaux rares. La voiture électrique est ensuite longuement décriée, que ce soit pour le coût de son plein ou le temps qu’il faut pour la recharger, ou même pour le danger qu’elle présente en cas d’incendie. Les pompiers peuvent en effet avoir beaucoup de difficultés à éteindre une batterie au lithium.
Un contenu surprenant… dans le bon sens
Pour qui est habitué à des étudiants en journalisme engagés à gauche, voire à l’extrême-gauche de l’échiquier politique, et qui voient le journalisme comme un porte-voix de leurs idées, les contenus de l’EJC ont de quoi surprendre. Ainsi, sur le site buzzles.org, site-école de l’EJC, un article de mars 2022 sur Eric Zemmour rassemble de nombreux commentaires élogieux provenant de jeunes. Des citations qui ne font pas l’objet de commenaires de la part des étudiants journalistes. L’article concernant la Brav‑M n’affiche en revanche pas le même ton. Pluralité, liberté d’expression, différence de niveaux ? Difficile à dire… Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas si facile, à la lecture des médias-école de l’EJC, d’identifier une ligne éditoriale.
Le mouton blanc des écoles de journalisme ?
L’École de journalisme de Cannes fait donc figure d’exception au sein des écoles de journalisme, et l’on peut se demander pourquoi. Peut-être est-elle née après les premières prises de conscience de défiance des médias, à l’heure où l’on comprenait qu’à force de dispenser leurs opinions politiques sur tous les canaux, les journalistes n’étaient plus crédibles. Peut-être aussi profite-elle de l’environnement cannois. David Lisnard, maire de droite libérale particulièrement apprécié dans la région, est un signe des idées qui prévalent dans la ville, et il est possible que ces idées se retrouvent dans l’EJC. On ne saurait s’en plaindre. Pour améliorer la pluralité dans les médias, il faut commencer par en observer dans les écoles de journalisme.