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Lancement de la fusée Ariane 6 depuis Kourou
Ce mardi 9 juillet 2024, une fusée Ariane 6 a enfin quitté la Terre, décollant du Centre spatial guyanais de Kourou, en Guyane française. Cette mission a transporté plusieurs CubeSat, appelés en France des « nanosatellites cubiques », vers leurs orbites respectives pour y accomplir diverses missions.
Qu’est-ce qu’un CubeSat ?
Un CubeSat est un satellite artificiel de moins de 20 kilogrammes. Sa forme de base, appelée 1U, est un cube mesurant 10 × 10 × 10 cm, avec une masse ne dépassant pas deux kilogrammes. La plupart des CubeSats sont constitués de plusieurs de ces unités, allant de 2U jusqu’à 24U.
Ariane 6 et ses objectifs
Ariane 6 a également emporté le nanosatellite CUbesat Radio Interferometry Experiment (Curie) de la NASA, principalement développé par une équipe de l’University of California-Berkeley. La NASA précise que la mission Curie vise à approfondir nos connaissances en utilisant l’interférométrie radio basse fréquence, une technique encore inédite dans l’espace.
Interférométrie radio dans l’espace
Principe de l’interférométrie
L’interférométrie permet de combiner les observations de différents instruments plus petits pour obtenir l’équivalent d’un grand instrument. Sur Terre, cette technique est déjà bien développée pour les ondes électromagnétiques, du domaine millimétrique au visible. Par exemple, la collaboration Event Horizon Telescope a utilisé cette technique pour créer un radiotélescope de la taille de la Terre.
Le projet Curie
À environ 580 kilomètres au-dessus de la Terre, Curie se séparera en deux modules distants d’environ trois kilomètres. Cela permettra de mesurer les infimes différences dans l’heure d’arrivée de certaines ondes radio entre 0,1 et 19 mégahertz venant du Soleil, et de déterminer leur origine exacte.
Importance des études solaires
Depuis des décennies, les scientifiques savent que le Soleil émet des ondes radio, en particulier lors de sursauts radio solaires associés à des éruptions géantes appelées éjections de masse coronale (CME). Ces sursauts peuvent sérieusement perturber les satellites, les communications et d’autres technologies sur Terre, ainsi que la santé des astronautes. D’où l’importance d’étudier ces phénomènes pour comprendre la météorologie spatiale.
Problèmes de réception sur Terre
La bande de fréquence des ondes radio que Curie étudiera n’est pas accessible aux antennes terrestres, comme celles du radiohéliographe de Nançay, car la ionosphère terrestre les bloque. C’est pourquoi des observations dans l’espace sont nécessaires.
De Curie à SunRise
Curie sert de prélude à la mission Sun Radio Interferometer Space Experiment (SunRise). Les six satellites SunRise circuleront sur une orbite géostationnaire, séparés de 10 kilomètres, créant un radiotélescope virtuel de plus de 10 kilomètres de diamètre grâce à l’interférométrie.
Objectifs de SunRise
SunRise étudiera les ondes radio entre 0,1 et 25 MHz qui précèdent de plusieurs dizaines de minutes l’arrivée des particules de vent solaire des CME. La mission vise à démontrer l’efficacité de ce système d’alerte et à cartographier les lignes du champ magnétique solaire.
Historique des observations solaires
Observatoire de la dynamique solaire (SDO)
En février 2020, l’Observatoire de la dynamique solaire (SDO) de la NASA a célébré son 10ème anniversaire dans l’espace. Depuis son lancement le 11 février 2010, SDO a collecté des millions d’images scientifiques du Soleil, offrant de nouvelles informations sur son fonctionnement.
Premières tentatives d’observation
Après la démonstration de l’existence des ondes radio par Heinrich Hertz en 1889, Henri Deslandres et Oliver Lodge ont entrepris de détecter les émissions radio solaires. Cependant, ce n’est qu’en 1942, grâce aux travaux de James Stanley Hey, que des émissions radio solaires ont été détectées avec succès.