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Rachida Dati soutient la fusion des médias publics
LUDOVIC MARIN / AFP
Rachida Dati, ici quittant l’Élysée, le 3 avril 2024.
Désirée et ardemment défendue par Rachida Dati, la fusion à venir de France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et l’INA continue de faire grincer des dents.
C’est le cas dans une tribune publiée ce samedi 13 avril dans Le Monde par l’ancien président de Radio France (de 1982 à 1986) Jean-Noël Jeanneney.
« Dérégulation mondiale et hyper concurrence »
Des mots d’une ancienne figure de la radio publique qui ont poussé Rachida Dati à réagir dans un long message sur X. « Ne mélangez pas tout cher Jean-Noël Jeanneney ! L’ORTF gérait un monopole d’État. Aujourd’hui, nous sommes face à une dérégulation mondiale totale et une hyper concurrence », défend la ministre, avant d’argumenter : « défendre un service public de qualité, c’est obligatoirement rassembler nos forces. Tous les grands services publics européens l’ont fait. Le choix de l’isolement serait celui du déclin du service public de l’audiovisuel. »
« À l’époque de l’ORTF, il n’y avait pas 27 chaînes sur la TNT, 500 chaînes sur les plates-formes et les réseaux sociaux ! », poursuit-elle. « Aujourd’hui, l’audiovisuel public doit être présent partout, dans les zones urbaines comme rurales. Il lui faut de la force pour lutter contre la désinformation, il doit être puissamment présent sur Internet. »
« La dynamique européenne est celle du regroupement des radios et TV publiques cher Jean-Noël Jeanneney et vous le savez très bien ! », conclut Rachida Dati, envoyant une pique tout sauf dissimulée à l’attention de l’ancien président de Radio France.
Débat autour de la fusion
Rachida Dati a expliqué à de multiples reprises qu’elle souhaitait « une gouvernance unique » pour l’audiovisuel public, opérationnelle dès le 1er janvier 2025. Elle veut s’appuyer sur les travaux du Sénat, qui avait voté en juin 2023 en faveur de la création d’une holding commune. Une fusion défendue la semaine dernière par la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, dans une interview au Figaro.
Ce qui n’est pas le cas du Syndicat national des journalistes de Radio France, qui dénonce un projet « inacceptable », à la suite de deux nominations qui vont dans ce sens, à franceinfo d’une part, et à France 3 et France Bleu de l’autre.
Le 3 avril, Jean-Philippe Baille a été nommé directeur de projet à franceinfo, chargé de renforcer encore le rapprochement du versant radio et du versant télé de cette chaîne d’information commune aux deux entreprises publiques. Quant à Xavier Riboulet, il a lui été nommé directeur de projet « chargé d’approfondir dès 2024 les rapprochements » entre la chaîne de télé France 3 et les réseaux de radios publiques locales France Bleu, qui sont en train de s’unir sous la marque commune ICI.
Les journalistes voient ces nominations d’un mauvais œil car cela « signifie le début de la fin pour Radio France, un pas de plus vers l’absorption de la radio et sa progressive disparition au profit de la télévision. Un pas de plus vers une ’newsroom’, une rédaction sans identité. »