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Mardi 5 mars, RSF lance une offre satellitaire pour un journalisme libre
L’initiative de RSF pour contrer la propagande en Russie
Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, plus de mille cinq cents journalistes russes ont été forcés à l’exil, selon Reporters sans frontières (RSF), laissant les peuples russophones prisonniers de la propagande du pouvoir de Vladimir Poutine. C’est dans ce contexte plus qu’alarmant que l’ONG a lancé – sur une idée du Comité Denis Diderot –, mardi 5 mars à Bruxelles, un bouquet de neuf chaînes de télévision et radio russophones, diffusé par satellite vers la Russie, le Belarus, les territoires occupés en Ukraine ou encore les pays baltes. Son nom ? Svoboda, « liberté » en russe. Son objectif ? Donner accès à des sources journalistiques libres aux populations noyées sous la désinformation.
La résistance et l’importance d’une information libre
Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, précise : « L’enjeu n’est pas de parler uniquement de la guerre en Ukraine, mais que les Russes, Bélarusses, Ukrainiens, Moldaves… accèdent à des informations fiables. L’idée selon laquelle ils seraient amorphes est complètement fausse et le nombre de personnes présentes aux obsèques d’Alexeï Navalny le prouve. Il y a une résistance assez forte en Russie et, pour l’encourager, il faut une information libre. » Cette information sera produite par des journalistes russes en exil depuis l’Europe. D’ailleurs, si l’Union européenne ne finance pas le projet de RSF, elle le soutient symboliquement. Présente lors de son lancement, la vice-présidente de la Commission européenne, Vera Jourová, estime que, dans un contexte de « guerre de l’information », « soutenir la liberté des médias et lutter contre la désinformation sont les deux faces d’une même médaille, toutes deux nécessaires à la défense des valeurs démocratiques ».
Accessible pour 4,5 millions de foyers
Ce bouquet satellitaire, qui ne nécessite aucun équipement particulier, est accessible à 4,5 millions de foyers déjà dotés de paraboles au sein de la Fédération de Russie et à environ huit cent mille foyers dans les territoires occupés de l’Ukraine, assure RSF. Mais comment faire pour que ces millions de personnes apprennent l’existence de cette offre indépendante et se détournent effectivement de la propagande ? Christophe Deloire compte sur la force de frappe des réseaux sociaux, le bouche-à-oreille, mais aussi sur le fait que ces émissions « arriveront directement sur les postes de télévision, ce qui permettra aux téléspectateurs russophones de tomber sur des chaînes de Svoboda par hasard »… Et d’y rester. Un dispositif qui risque de ne pas ravir le gouvernement de Vladimir Poutine, qui aura des difficultés à intervenir, selon le secrétaire général de RSF : « Il aura du mal à bloquer la diffusion, car le satellite que nous utilisons est doté de dispositifs antibrouillage très perfectionnés et qu’il émet depuis la France, un pays suffisamment loin de la Russie pour rendre d’éventuelles tentatives de sabotage encore plus difficiles. » Avec neuf chaînes pour le moment, Svoboda compte étendre son offre – jusqu’à 25 –, pour toucher le plus de russophones possible… Et amplifier la résistance.