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Frédéric Edelmann, un témoin des mutations urbaines en Chine
« Si je passe l’an 2000, je fais un truc impossible, j’apprends le chinois. » Frédéric Edelmann n’a pas seulement appris le chinois. Pendant une quinzaine d’années, il s’est fait le chroniqueur des mutations urbaines de cette Chine, qui était en pleine réinvention d’elle-même au tournant du XXIe siècle – l’effarante dynamique de démolition du patrimoine et de bétonnisation à grande échelle, l’émergence d’une génération d’architectes qui, pour la première fois, allait accéder à la célébrité mondiale, le chantier pharaonique des Jeux olympiques de Pékin… Il consacra à la Chine des dizaines d’articles dans Le Monde, dont il animait la rubrique architecture depuis 1977, deux expositions à la Cité de l’architecture et du patrimoine, plusieurs livres… Sur ce terrain comme sur tant d’autres, il aura été un passeur clairvoyant, doublé d’un lanceur d’alerte.
Les photos de Frédéric Edelmann
Les photos prises par Frédéric Edelmann lors de ses voyages en Chine témoignent de la transformation rapide des villes chinoises à cette époque. Elles montrent l’effarante dynamique de démolition du patrimoine, la bétonnisation à grande échelle et l’émergence d’une nouvelle génération d’architectes. Ses expositions à la Cité de l’architecture et du patrimoine ont permis de mettre ces photographies en valeur et de sensibiliser le public à ces enjeux.
Son engagement pour la lutte contre le sida
En plus de son travail en tant que chroniqueur architecture pour Le Monde, Frédéric Edelmann s’est également impliqué activement dans la lutte contre le sida. En 1984, il a répondu à l’appel lancé par Daniel Defert après la mort de Michel Foucault, son compagnon. Il a cofondé une association d’aide aux malades du sida et a participé à la sensibilisation sur cette maladie. Ses actions incluaient la distribution de tracts et de préservatifs, ainsi que des interventions dans les médias pour promouvoir la prévention et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH.
La vie et les amours de Frédéric Edelmann
Frédéric Edelmann est mort le jeudi 25 janvier à l’âge de 72 ans. À côté de sa passion pour l’architecture et son engagement dans la lutte contre le sida, il a vécu une vie d’amour intense. Il a eu deux grands amours : Jean-Florian Mettetal, décédé du sida en 1992, et Caroline Bagros, rencontrée à la fin des années 1980. Caroline travaillait sur le projet de la Grande Arche de La Défense, un des symboles de l’architecture moderne, lorsque Frédéric l’a rencontrée. Leur relation était basée sur un esprit libre, un engagement mutuel et un amour de l’architecture.
Frédéric Edelmann, un héros du XXe siècle
En mai 1996, Frédéric Edelmann a été confronté à une situation difficile lorsque sa santé s’est détériorée en raison du sida. Il avait préparé ses affaires et accordé un entretien testament au Journal du sida. Heureusement, les trithérapies sont arrivées à temps pour le sauver. On se souvient aujourd’hui de lui comme d’un des plus grands héros du XXe siècle, un homme qui a vécu avec passion et détermination malgré les défis auxquels il a été confronté.