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Nello Scavo, un journaliste sous escorte policière
Au début du mois de novembre, nous rencontrons Nello Scavo à son hôtel. Il nous fait part de son état d’esprit plutôt calme. Le matin même, à la gare Termini de Rome, trois policiers l’attendaient à la sortie de son train en provenance de Milan. Depuis 2019, ce journaliste sicilien vit sous escorte policière en raison de menaces de mort qu’il a reçues après avoir publié des enquêtes sur les trafics de migrants dans le quotidien l’Avvenire.
Le scoop sur les trafics de migrants en Libye
En 2017, Nello Scavo révèle en premier qu’une délégation libyenne est venue en Italie de manière discrète. Parmi les membres de cette délégation se trouve Abd al-Rahman Salem Ibrahim al-Milad, alias al-Bija, le chef des « gardes-côtes » de Zaouïa. Sa milice est responsable de camps de rétention où les migrants subissent de terribles tortures. Malgré cela, le pays décide de fournir des navires à al-Bija pour refouler les migrants du côté libyen. Le scoop fait rapidement le tour du pays, mais les autorités restent silencieuses.
Le ministre parle de « mafia libyenne »
En janvier 2023, le ministre de la justice, Carlo Nordio, utilise l’expression « mafia libyenne » lorsqu’il répond à une question d’un parlementaire. C’est la première fois qu’un membre du gouvernement emploie cette expression, ce qui peut être interprété comme une reconnaissance involontaire du travail de Nello Scavo. Dans son livre « Le mani sulla Guardia costiera » paru en octobre, le journaliste dénonce les compromissions de la politique italienne avec les réseaux de traite de migrants.
Nello Scavo, un journaliste respecté
Nello Scavo est aujourd’hui l’une des plumes les plus respectées d’Italie grâce à ses enquêtes. Né à Catane, il a passé son enfance à Scordia, un village connu pour ses champs d’orangers, avec l’Etna en toile de fond. Il a commencé sa carrière de journaliste à 19 ans au quotidien local La Sicilia, où il a appris sur le terrain.
La lutte contre la Mafia en Sicile
La Sicile des années 1990 était le théâtre de violences perpétrées par la Mafia sicilienne, Cosa Nostra. En trois mois, soixante-dix personnes ont été assassinées rien qu’à Catane. Nello Scavo se souvient de cette époque comme d’une véritable épreuve. Il a grandi dans un réseau de paroisses et d’associations de jeunes engagés dans la lutte contre la Mafia, un mouvement fort dans le catholicisme social italien.
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