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Une femme poursuivie en justice pour un commentaire négatif sur une sauce tomate
Chioma Okoli, une femme de 39 ans, est poursuivie par la justice du Nigeria pour « allégation malveillante » après avoir laissé en ligne un commentaire négatif sur une sauce tomate qu’elle avait achetée dans le commerce, rapporte CNN ce mercredi 27 mars.
Poursuivie pour avoir porté atteinte à l’image de la marque
C’est à ce moment qu’un simple commentaire a pris des proportions délirantes. L’un des internautes a vivement réagi : « Arrêtez de gâcher le produit de mon frère. Si (vous) ne l’aimez pas, utilisez-en un autre et n’en parlez pas sur les médias sociaux ou appelez le service clientèle », a-t-il déclaré. Elle a alors répondu « Aidez-moi en conseillant à votre frère d’arrêter de tuer les gens avec son produit, hier c’était la première fois que je l’utilisais et c’est du pur sucre ».
Avertie de ces échanges, l’entreprise qui produit la sauce tomate mise en cause, Erisco Foods Limited, a déposé plainte le 19 septembre devant auprès de la police nigériane pour « association de malfaiteurs, démarchage et diffamation du meurtre de personnes avec nos produits (…) après avoir échoué à nous extorquer de l’argent et cyberharcèlement », précise-t-elle sur Facebook.
Cette démarche était motivée par plusieurs commentaires virulents publiés par la trentenaire à l’encontre de l’entreprise. Dans des documents juridiques consultés par CNN, la police nigériane affirme que Chioma Okoli a utilisé son compte Facebook « dans l’intention d’inciter les gens à s’opposer à Erisco Foods ».
Près de 5 000 euros d’amende et jusqu’à sept ans de prison
Celle qui est habituellement grossiste de vêtements pour enfants a été arrêtée une semaine plus tard, le 24 septembre, alors qu’elle se trouvait dans une église de la capitale nigériane. Après audition par les policiers, il a été déterminé qu’elle pourrait être remise en liberté si elle s’engageait dans un délai de sept jours à « rédiger des excuses publiques diffusées sur les réseaux sociaux », « retirer le message initial » et « se présenter au commissariat à l’issue des sept jours », ce qu’elle n’a pas fait.
Elle est désormais accusée d’avoir « incité Erisco Foods Limited, sachant que ladite information était fausse, en vertu de l’article 24 (1) (B) de la loi nigériane sur l’interdiction de la cybercriminalité ». Si elle est reconnue coupable, elle risque jusqu’à trois ans de prison et une amende de 7 millions de nairas, soit 4 900 euros.
Chioma Okoli est également accusée séparément d’avoir conspiré avec deux autres personnes « dans l’intention d’inciter les gens à s’opposer à Erisco Foods Limited », ce qui, selon l’acte d’accusation, est punissable en vertu de la même loi. Elle encourt pour ces faits une peine de sept ans d’emprisonnement.
Une manifestation en faveur de Chioma Okoli
L’affaire a vivement fait réagir dans le pays, à tel point que la police a dû réagir publiquement dans un communiqué publié le 7 mars pour réaffirmer le droit pour la justice nigériane à poursuivre l’accusée pour ces faits qui tombent sous le coup de la loi locale.
« Le harcèlement et l’intimidation de Chioma Okoli doivent cesser maintenant », a déclaré Amnesty International Nigeria le 16 mars sur X (ex-Twitter), alors que les Nigérians commençaient à collecter des fonds en ligne pour financer les frais de justice de la jeune femme. Dans son communiqué, la police nigériane avait dénoncé le recours aux cagnottes comme un moyen « d’influencer la procédure en cours ».
L’affaire est toujours en cours, mais de multiples protestations ont eu lieu pour dénoncer ce que certains estiment être l’exercice de sa liberté d’expression. Plusieurs appels au boycott de la marque Erisco Foods Limited ont vu le jour, ainsi qu’une large manifestation à Lagos le 12 mars.