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Les débuts de Remo Donati
En 1922, Remo Donati, le père de Marcel, décide de quitter son village romagnol, situé à quelques kilomètres de Cesena, en Émilie-Romagne. À cette époque, de nombreux Italiens cherchent à fuir le fascisme et la misère. Remo, aspirant à de meilleures conditions de vie, signe un contrat pour travailler dans une mine de fer au nord de la Lorraine et prend le train jusqu’à Toul, un dépôt par lequel sont passés des centaines de milliers d’immigrants durant l’entre-deux-guerres.
Le recrutement par le Comité des forges
Comme beaucoup de ses compatriotes, Remo Donati est séduit par la propagande déployée par le Comité des forges en Italie pour attirer cette main-d’œuvre. Cette organisation jouait un rôle crucial dans le recrutement des travailleurs pour les industries métallurgiques françaises.
Une enfance dans la pollution et la misère
Marcel Donati naît le 15 février 1938, et passe son enfance dans le quartier du « baraquement de l’usine de Rehon ». Ce quartier est composé de cabanes en bois ou en briques, recouvertes de tôles ondulées, sans électricité ni eau courante. Les résidents doivent s’éclairer au carbure de calcium et remplissent leurs seaux d’eau dans un puits collectif.
Les conditions de vie difficiles
Chaque nuit, Marcel entend le sifflement des locomotives et le mugissement des hauts fourneaux, car la baraque où il habite est séparée de l’usine par un mince filet de la Chiers, une petite rivière polluée. Cette proximité avec l’usine envoie dans l’air des fumées toxiques, causant conjonctivite et maladies pulmonaires chez les enfants. Marcel perd deux de ses frères en bas âge à cause de cette pollution.
L’impact de la guerre et des luttes syndicales
Marcel, encore enfant pendant la guerre, n’a pas participé directement à la Résistance. Néanmoins, les actions des communistes et l’héroïsme des militants durant les grèves de 1947-48 l’ont profondément influencé.
L’usine et l’engagement politique
En 1954, Marcel est embauché par la société des forges de la Providence à l’âge de 16 ans. Il adhère à l’Union de la Jeunesse républicaine de France, proche du Parti communiste. Cet engagement politique et syndical marque un tournant dans sa vie, lui permettant de comprendre et d’agir sur des problématiques locales, nationales et internationales.
La vie d’ouvrier
En 1978, Marcel a 40 ans et travaille toujours comme lamineur dans la même usine. Il prend conscience d’avoir été victime d’un marché de dupe : malgré les avantages offerts par l’entreprise, cette dernière a limité ses perspectives. Marcel est redevable de cette prise de conscience à un événement clé : la création de la radio Lorraine Cœur d’Acier en 1979, initiée par le mouvement de Robert Giovanardi et soutenue par la CGT.
Extrait de l’autobiographie de Marcel Donati
Marcel décrit l’ambiance sur le site de travail avec des bruits assourdissants et des ouvriers communiquant par signes. Il raconte comment un ouvrier frappe sur un cercle métallique pour diriger un pont roulant vers un four, illustrant le quotidien éprouvant des travailleurs.
L’aventure de la radio Lorraine Cœur d’Acier
Auror non-autorisation des radios libres, Lorraine Cœur d’Acier rencontre un succès immédiat dans le bassin de Longwy, malgré les brouillages et menaces de démantèlement. Son animateur principal, Marcel Trillat, un journaliste communiste de Paris, se bat pour une liberté totale de parole.
Le rôle de Marcel Trillat
Marcel Trillat est crucial dans le succès de la radio, défendant bec et ongles la liberté d’expression sur les ondes, ce qui engendre un immense engouement dans la région.
Une lutte jusqu’au bout… et un rêve
La participation de Marcel Donati à Lorraine Cœur d’Acier lui ouvre les yeux. Ses engagements contre les licenciements et pour la liberté d’expression aboutissent à la création du collectif des Amis de LCA avec plus de 1200 adhérents.
Activités après la radio
Grâce à sa notoriété, Marcel Donati participe à plusieurs films et émissions, et se consacre à l’écriture, publiant son autobiographie et des poèmes. Il décède cependant prématurément le 11 janvier 1995 à l’âge de 56 ans.
Remerciements et bibliographie
Merci à l’Association A.M.I.C.A.L. (Association pour la Mémoire Industrielle, minière et ouvrière de la Communauté d’Agglomération de Longwy) pour ses efforts de préservation de cette mémoire disparue.
Ouvrages recommandés
- Une histoire populaire de la France par Gérard Noiriel, éditions Agone, 2018.
- Cœur d’acier. Souvenirs d’un sidérurgiste de Lorraine par Marcel Donati, éditions Payot, 1994.
- Longwy. Immigrés et prolétaires par Gérard Noiriel, éditions Agone, 2019.
Éléments sonores
- Archives
- Marcel Donati racontant la radio « Lorraine cœur d’acier » – France Culture (1982).
- Journal France Actualités (1942).
- Le paternalisme des Houillères – ORTF (1958).
Lectures et dialogues
- Par Martine Berland et Gora Diakhaté
- Extrait de l’autobiographie de Marcel Donati.
- Poème de Marcel Donati titré La mort du feuillard.