Le 16 novembre 1946, le procès de Robert Coquillaud, plus connu sous le nom de Le Vigan, s’ouvre devant la cour de justice de la Seine. Le chroniqueur de Libération décrit Le Vigan dans le box, vêtu d’un vieux pardessus, alternant entre véhémence, ironie et froideur. Le Président lui demande s’il n’aimait pas cette guerre, ce à quoi Le Vigan répond en affirmant qu’il n’apprécie aucune guerre, reflétant son talent pour mêler tragique et comédie.
Sommaire :
En février 1941, il travaille pour Radio-Paris
Une carrière théâtrale prometteuse
Né au début du XXe siècle, Robert Coquillaud était destiné à suivre les traces de son père, vétérinaire. Cependant, un professeur de philosophie l’a initié au théâtre, changeant ainsi son destin. En 1918, il est reçu au Conservatoire avec brio et accumule par la suite les rôles au théâtre.
Début au cinéma
En 1930, il débute au cinéma dans « Les Cinq Gentlemen maudits » de Julien Duvivier, jouant des personnages souvent malsains. Connu pour son visage maigre et son rire moqueur, il apportait une intensité particulière à ses rôles, même les plus insignifiants. Dans « Golgotha », encore réalisé par Duvivier, il incarne Jésus et va jusqu’à se faire scier quelques dents pour paraître plus émacié.
Relations et amitiés douteuses
À Montmartre, Le Vigan faisait partie d’un cercle artistique autour du peintre Gen Paul et s’était lié d’amitié avec Louis-Ferdinand Céline, partageant avec lui une haine maladive des Juifs. Leur proximité a suscité beaucoup de controverses.
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Radio-Paris et la propagande nazie
Après l’armistice de juin 1940, Le Vigan multiplie les navets cinématographiques excepté un grand rôle dans « Goupi mains rouges » de Jacques Becker en 1943. À partir de février 1941, il s’engage également pour Radio-Paris, une station de propagande nazie, où il diffuse son antisémitisme. Il est aussi suspecté d’avoir écrit des lettres de dénonciation à la Gestapo, accusation corroborée plus tard par la femme de Céline, Lucette.
Fuite et arrestation
En août 1944, sentant le vent tourner, il s’enfuit en train pour rejoindre Céline en Allemagne, interrompant le tournage des « Enfants du paradis ». En mars 1945, il traverse la Suisse et finit sa cavale en Autriche où il est arrêté le 18 avril et envoyé à Fresnes.
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Un procès expéditif
Les témoignages en sa faveur
Accusé d’intelligence avec l’ennemi, Robert Coquillaud bénéficie d’un procès rapide. Plusieurs personnalités, dont la comédienne Madeleine Renaud, tentent de défendre son caractère en le décrivant comme une personne fragile, accablée par la peur, bien que ces témoignages ne suffiront pas à l’innocenter.
Une condamnation tranchée
En dépit des tentatives de le dépeindre comme influençable et caractériel, il est condamné à dix ans de travaux forcés. Libéré en 1949, il émigrera en Espagne puis en Argentine où il finira ses jours à Tandil, se reconvertissant en chauffeur de taxi avant sa mort à 72 ans.
Le poids des actes
Dans l’une de ses dernières lettres, il écrit : « On mange toujours les fruits de ses actes. » Cette phrase, inspirée de Bouddha, illustre la compréhension tardive des conséquences de ses choix, teintée d’une noirceur personnelle.
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GI et villageois fêtant la libération de Sainte-Honorine-des-Pertes (Calvados)
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