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Daniel Guichard : « Avant, il y avait une vraie liberté de parole ; aujourd’hui, c’est une espèce d’ersatz »
Limitation de la liberté d’expression
Comment l’espace de la liberté d’expression s’est-il rétréci ? Selon Daniel Guichard, « La technologie nous a apporté des merveilles – c’est génial, on peut enregistrer un album dans sa chambre. Mais elle nous a aussi rendus constamment surveillés. Autrefois, on pouvait dire beaucoup de choses sans conséquences judiciaires, sans avocats impliqués. On vivait dans une époque où plus c’était uniforme, insipide, et sans intérêt, mieux c’était. Dès que quelqu’un commence à s’exprimer un peu librement, cela devient différent. Avant, il y avait une véritable liberté de parole ; aujourd’hui, c’est une sorte de substitut fade. Je me rappelle qu’il y a une trentaine d’années, quand quelqu’un parlait à la télévision, on pouvait reconnaître leur appartenance politique aux mots qu’ils utilisaient – que ce soit RPR, communiste, ou CGT. Aujourd’hui, à part le ton agressif, tout est insipide et uniforme, et il est difficile de savoir qui parle.«
Contexte actuel pour les artistes
En tant qu’artiste, j’ai réalisé qu’aujourd’hui, on ne peut pas dire grand-chose. Exprimer une opinion sur un événement ou un homme politique est risqué. Si vous dites quelque chose de travers, vous êtes vite confronté à des insultes, des menaces sur les réseaux sociaux, et potentiellement à des actions légales. Vous pourriez même voir la police intervenir, envoyée par l’Élysée ou un ministère. On croit être libre, mais on vit dans une sorte de petite dictature douce imposée par certains esprits éclairés. Ce n’est pas des bottes dans la rue, mais c’est plutôt ‘Fais attention à ce que tu dis, fais attention à ce que tu fais. Et si tu veux être tranquille, tais-toi, ne dis rien’ », a déclaré Daniel Guichard.
« Les réseaux sociaux sont une soupape »
Perte du sens du bien collectif
Le sens du bien collectif semble se perdre. Daniel Guichard exprime : « Mon fils me disait : ‘papa, la modernité des choses est formidable. Grâce aux réseaux sociaux, nous sommes tous dans une bulle’. On pense être libre, discuter, mais finalement, on ne parle qu’entre nous. Il faut voir ce que les autres racontent. Autrefois, on discutait au café même si tout le monde n’était pas du même avis. Maintenant, sur les réseaux sociaux, on reste dans nos bulles contrôlées« .
Importance du vote
Doit-on aller voter ? Daniel Guichard commente: Dans les années 1970, on disait : ’élection, piège à cons’. Aujourd’hui, on pourrait dire ’abstention, piège à cons’. « On peut dire les deux. Certaines de mes connaissances disent : ‘je ne vote plus car cela ne sert à rien’. Je réponds : ‘Non, tu as tort. Si tu veux te plaindre, va voter, choisis qui tu veux, et après tu pourras dire que tu es mécontent.’ Je pense qu’il faut aller voter en masse car c’est le seul moyen d’avoir des soupapes de sécurité. Les réseaux sociaux jouent ce rôle de soupape. Sans eux, il y aurait eu des explosions dans les rues il y a longtemps. Les réseaux permettent d’exprimer toutes sortes d’opinions, bonnes ou mauvaises… Nous sommes dans une période de transition avec des moyens de communication relatifs. Les réseaux touchent des millions de gens, mais ce n’est pas suffisant pour résoudre les problèmes. C’est une soupape. Ce qui m’inquiète, c’est de savoir ce qui va se passer dans les mois et années à venir« .
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