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Deuil et tragédie pour le chef du bureau d’Al Jazeera à Gaza
Waël al-Dahdouh, le chef du bureau d’Al Jazeera à Gaza, a dû faire face à une tragédie insoutenable. En effet, il a appris la mort de sa femme, de ses deux enfants et de son petit-fils, tués dans leur maison par un bombardement israélien, en direct à la télévision, lors des premières semaines de la guerre. Mais le deuil ne s’arrête pas là pour Waël al-Dahdouh. Le 6 janvier, son fils de 27 ans, Hamza al-Dahdouh, journaliste pour la même chaîne, a été tué aux côtés de Moustafa Thuraya, un vidéaste pigiste collaborant avec l’AFP. Ils ont été tués par une frappe israélienne, alors qu’ils circulaient en voiture à Khan Younes (sud de la bande de Gaza), selon des secouristes et le ministère de la Santé du Hamas.
La déclaration bouleversante de Waël al-Dahdouh
En pleurs, Waël al-Dahdouh a déclaré depuis l’hôpital où il se trouvait, « J’espère que le sang de mon fils Hamza sera le dernier à couler pour les journalistes et les habitants de la bande de Gaza ». Entouré de proches et de journalistes, il étreignait la dépouille de son fils. Cette déclaration a suscité une vive émotion et un soutien immense.
La mort de journalistes comme une hécatombe
Pour Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), la mort de ces deux journalistes tués par l’armée israélienne signe « une hécatombe sans fin ». Il a salué le courage de Waël al-Dahdouh qui est reparti sur le terrain malgré ces drames successifs. Cette nouvelle a suscité un émoi immense, relayé par plusieurs médias arabes et sur les réseaux sociaux. Même le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a déploré une « tragédie inimaginable ».
Une atteinte à la liberté d’expression
RSF avait déjà dénoncé une tentative « d’éradication » du journalisme à Gaza par Israël. En effet, près de 100 journalistes auraient été tués en quatre mois de guerre. Les chiffres du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) font état de « la période la plus meurtrière pour les journalistes dans un conflit ». RSF a déposé plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour établir la réalité des faits et prouver que les journalistes ont été sciemment visés. Des déclarations de ministres israéliens laissent effectivement penser qu’il y a eu un ciblage intentionnel de ces professionnels.
Une liste d’élimination des journalistes
Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, avait déclaré que les reporters gazaouis ayant couvert une attaque seraient considérés comme des terroristes. Un député du Likoud, Danny Danon, avait même suggéré d’établir une liste de journalistes à « éliminer » au sein de l’Agence de sécurité intérieure d’Israël. RSF a dénoncé cela comme un « appel au meurtre ». Ce ciblage des journalistes palestiniens avait déjà été dénoncé avant le début de la guerre à Gaza, notamment lors de l’assassinat de la journaliste Shireen Abu Akleh en Cisjordanie occupée.