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Les vidéos de propagande mettant en scène Mia Shem
Les vidéos de propagande mettant en scène la jeune Mia Shem ne semblent pas faire l’objet de modération de la part des plates-formes.
Avec les réseaux sociaux, le Hamas dispose d’une caisse de résonance inédite
Avec les réseaux sociaux, le Hamas dispose maintenant d’une caisse de résonance inédite pour propager sa propagande. Ce 17 octobre, Emmanuel Macron a dénoncé une « mise en scène odieuse » face à la diffusion d’une vidéo partagée par le groupe terroriste. Les images montrent la Franco-Israélienne Mia Shem, visiblement blessée au bras. À 21 ans, elle avait été enlevée par le Hamas le 7 octobre dernier, pendant le festival « Tribe of Nova », lors des attaques terroristes qui ont visé Israël.
Reprise par de nombreux médias, la vidéo a souvent été remaniée, d’une part pour signaler sa provenance, d’autre part pour flouter le visage de Mia Shem. Sur Twitter comme sur Tiktok, la propagande du Hamas est pourtant relayée dans son format le plus brut. Elle est également diffusée, dans une moindre mesure, sur Facebook et Instagram.
Modération très théorique
Auprès de Tech&Co, Tiktok a renvoyé vers un communiqué de presse publié ce 15 octobre, suite aux attaques terroristes visant Israël. « Si un contenu montre une personne prise en otage, nous ferons tout ce que nous pouvons pour protéger sa dignité et supprimer tout contenu qui va à l’encontre de nos règles » précisait ainsi la plate-forme chinoise, qui n’a toutefois pas supprimé les publications montrant le visage de Mia Shem, produites et diffusées par le Hamas.
De son côté, Twitter ne répond plus aux demandes des journalistes.
« Diffuser les contenus produits par des terroristes, même en les dénonçant, peut poser un problème légal lié à l’apologie indirecte du terrorisme » regrette de son côté Eric Bothorel, député Renaissance très impliqué dans les sujets liés au numérique, auprès de Tech&Co.
De son côté, le cabinet du ministre du Numérique Jean-Noël Barrot est plus mesuré, évoquant la difficulté de définir la nature illicite d’images diffusées par le Hamas, si celles-ci ne sont pas accompagnées de messages de soutien aux terroristes.
Jurisprudence Le Pen
« Ce qui est illégal, c’est de publier l’image d’une victime décédée. Pour le reste, y compris lorsqu’il y a une potentielle atteinte au droit à l’image, seule une décision de justice est à même de pouvoir dire si c’est illégal ou non » abonde de son côté Me Alexandre Archambault, avocat en droit numérique, auprès de Tech&Co.
L’avocat rappelle notamment la relaxe de Marine Le Pen et de Gilbert Collard, qui avaient diffusé des images particulièrement violentes sur Twitter, provenant directement de la propagande de l’État islamique. Le tribunal de Nanterre avait estimé que leurs messages visaient à dénoncer le terrorisme et ne contenaient aucun élément de prosélytisme.
En l’absence de décision judiciaire, les réseaux sociaux pourraient donc choisir de laisser largement diffuser les images des otages israéliens, même si ces contenus contreviennent à leurs règles théoriques de modération.
Mais le sujet risque de devenir bien plus problématique. Si la vidéo mettant en scène Mia Shem ne contient pas d’élément de violence physique, le Hamas a déjà menacé de diffuser de potentielles exécutions des dizaines d’otages israéliens au cours des prochaines semaines. Une stratégie qui mettra à rude épreuve les outils de modération de Tiktok et Twitter, déjà visés par une enquête de Bruxelles sur le sujet.