Sommaire :
Les difficultés d’obtenir des informations sur Gaza
Face aux événements dramatiques qui se déroulent actuellement à Gaza, le contrôle de l’information est un enjeu crucial pour l’ensemble des belligérants. Qui croire, alors que la bande de Gaza est fermée aux journalistes ? Témoignages de reporters internationaux sur place.
Les défis des journalistes à Gaza
La nuit vient de tomber sur Sderot, ville israélienne située à un kilomètre seulement de la bande de Gaza. Dans cette région très plate, une colline y permet d’observer le territoire palestinien. Sur un espace de quelques mètres carrés, une dizaine de trépieds supportent les caméras de journalistes de télévision venus du monde entier. « Vite filme, filme ! Je crois que c’est une fusée éclairante », intime un journaliste britannique à son caméraman. Faute de pouvoir entrer à Gaza, les équipes de télévision observent de loin les explosions qui éclairent régulièrement le ciel, seul moyen pour eux de rendre compte en image de l’intense opération militaire israélienne. « On a passé la journée à sillonner le désert du Neguev pour avoir une vue plus au sud, mais tous les accès sont bloqués par les militaires », se lamente une journaliste française.
Dans ces conditions, les chaînes doivent utiliser les images fournies par deux sources principales : l’armée israélienne et le Hamas. « L’armée israélienne partage d’elle-même la grande majorité des vidéos. On a des images des troupes au sol filmées par leurs propres opérateurs. Ils nous donnent aussi des vidéos des frappes aériennes, des infographies présentant les plans des tunnels ou des conférences de presse de leurs officiels », indique le reporter d’une grande chaîne de télévision française. Pour éviter toute « propagande », les images sont vérifiées et recoupées par un service de journalistes dédié. La chaîne indique également la mention « images filmées par l’armée israélienne » sur celles qui sont diffusées à l’antenne.
La difficulté de vérification des informations
Selon une consœur qui travaille également pour une télévision nationale, « il est impossible pour nous de vérifier ce qu’il se passe à Gaza. Quand il s’agit d’images envoyées par Tsahal, on sait que c’est biaisé, comme du côté du Hamas d’ailleurs. » La chaîne n’a pas encore utilisé d’images transmises par l’organisation palestinienne. « Le risque, là encore, c’est de tomber dans la propagande. Les Israéliens n’ont aucun intérêt à montrer la mort de civils, quand le Hamas au contraire gagne à présenter des atrocités commises par l’armée israélienne. »
Les différentes sources d’informations
L’utilisation des journalistes locaux et des vidéastes amateurs
Autre solution souvent utilisée pour obtenir des informations fiables, faire appel à des journalistes locaux, déjà connaisseurs du terrain avant même le déclenchement des hostilités. On compte aussi sur des traducteurs qui ont déjà aidé à couvrir de précédents conflits. Des vidéastes amateurs sont également démarchés lorsqu’ils postent des vidéos sur les réseaux sociaux. « Nous utilisons souvent cette méthode, faute de mieux. Nous sommes conscients qu’ils sont connus, surveillés par le Hamas, et donc contraints dans leur travail. Jamais ils ne montreront le mal que l’organisation peut faire à la population où ne se montreront critiques envers eux », déplore un reporter.
La question délicate du décompte des victimes civiles
Reste la douloureuse question du nombre de victimes civiles. Seul le Hamas communique sur ce chiffre, chaque jour plus dramatique que la veille. L’intérêt pour le mouvement islamiste serait logiquement de gonfler ce macabre décompte pour faire basculer l’opinion internationale. D’où des doutes légitimes sur sa véracité. Interrogée sur le sujet, une consœur, habituée des terrains de guerre et de la couverture du conflit israélo-palestinien, estime pourtant que ces chiffres sont crédibles : « Je pense que ces chiffres se rapprochent de la réalité. D’abord, parce que, lors des précédents conflits, la Croix Rouge et l’armée israélienne ont toujours publié des chiffres très proches de ceux du Hamas. Il se trouve également que Tsahal ne conteste pas ces estimations. » Alors que ce week-end, les belligérants se sont renvoyé la responsabilité d’une frappe qui a grandement endommagé l’hôpital al-Chifa, le plus grand de Gaza, le dernier bilan disponible fait état de 11 078 morts dans l’enclave palestinienne, dont 4506 enfants.