Sommaire :
Les choix des journalistes du « Monde des livres » pour l’année 2023
Le choix de Jean Birnbaum
- Déserter, de Mathias Enard
- Psychopompe, d’Amélie Nothomb
- L’Espérance, ou la traversée de l’impossible, de Corine Pelluchon
- Une archive, de Mathieu Lindon
- Astronomie ordinaire. Le jour où mon père est mort et ma mère a perdu la tête, de Frédéric Boyer et Serge Bloch
Le choix de Denis Cosnard
- On ne se baigne pas dans la Loire, de Guillaume Nail
- Bons baisers d’Europe, de Philippe Mouche
- Mon petit Truffe, ma grande Scottie, d’Helen Scott et François Truffaut
- La Danseuse, de Patrick Modiano
- Reine d’un jour, de Kirstin Innes
Le choix de Juliette Einhorn
- Campagne, de Raymonde Vincent
- La Maison, de Julien Gracq
- La Fête des mères, de Richard Morgiève
- La Colère et l’Envie, d’Alice Renard
- Sauvage, de Julia Kerninon
Le choix de Florent Georgesco
- La Guerre russo-ukrainienne. Le retour de l’histoire, de Serhii Plokhy
- Histoire juive de la France, sous la direction de Sylvie Anne Goldberg
- Le Sens dans la vie, de Susan Wolf
- La Fabrique des croyances chez l’enfant. Une histoire naturelle de la croyance, de Fabrice Clément
- La Paix ou la guerre. Réflexions sur le « monde russe », de Mikhaïl Chichkine
Le choix de Raphaëlle Leyris
- Le Château des Rentiers, d’Agnès Desarthe
- Leçons, de Ian McEwan
- Triste tigre, de Neige Sinno
- La Faute, d’Alessandro Piperno
- Quel est donc ton tourment ?, de Sigrid Nunez
Le choix de Florence Noiville
- Babysitter, de Joyce Carol Oates
- La Sentence, de Louise Erdrich
- Tasmania, de Paolo Giordano
- Trust, d’Hernan Diaz
- Les Vies d’après, d’Abdulrazak Gurnah
Le choix de Nicolas Weill
- Le Métier d’écrire, d’Italo Calvino
- Le Miroir d’Œdipe, de Paulin Ismard
- Le Retour du monde magique, de Fanny Charrasse
- Les Images médiévales, de Jean-Claude Schmitt
- Mars, de Fritz Zorn
Les détails sur certains choix de livres
« Déserter », de Mathias Enard
Huit ans après son Goncourt, Mathias Enard signe Déserter, qui l’impose comme un grand romancier de la condition humaine. Cette fois encore, il parvient à conjuguer une érudition exaltante et une écriture qui vient du ventre. Le tour de force est d’autant plus impressionnant que Déserter fait cohabiter deux récits qui s’ignorent l’un l’autre. D’une part, l’itinéraire anonyme d’un déserteur à une époque et en un lieu inconnus. D’autre part, la trajectoire de Paul Heudeber, mathématicien est-allemand célébré dans le monde entier.
Et pourtant, ces deux vies fictives n’en traversent pas moins ensemble le XXe siècle européen pour poser une même question : peut-on échapper à son époque, à ses guerres ? Cette question, Enard se garde bien d’y répondre, il se contente de la mettre en mouvement. Éclairant « les sanglantes mathématiques qui ordonnent notre condition », comme disait Camus, Déserter hisse la prose d’Enard jusqu’à la poésie tragique.
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