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Tucker Carlson : une interview scrutée
Reçue comme un hôte de marque dans la capitale russe, l’ancienne vedette de Fox News, Tucker Carlson, qui épaule la campagne de Donald Trump, a réalisé une interview du maître du Kremlin. Un événement scruté à Moscou comme à Washington.
Un secret dévoilé en Russie
Traqué par les télévisions russes depuis son arrivée à Moscou, médiatisé comme une rock star, Tucker Carlson fait plus que jamais le «buzz» depuis qu’il a dévoilé, mardi soir, un secret de polichinelle, notamment sur son compte X interdit en Russie : le but de son voyage n’est autre qu’une interview avec Vladimir Poutine. Son annonce – une vidéo avec pour toile de fond la cathédrale du Christ-Sauveur – a été visionnée cinquante-quatre millions de fois en quelques heures.
L’entretien a été enregistré mardi, a indiqué dans la matinée de mercredi le Kremlin. Son porte-parole, Dmitri Peskov, a ajouté, de façon sibylline, que l’interview serait «publiée au fur et à mesure de sa préparation». Un peu auparavant, le pool de presse de la présidence russe précisait que l’entretien serait diffusé jeudi à 18 heures (heure de Washington), sur le site de Tucker Carlson, ainsi que sur la plateforme détenue par Elon Musk.
Des attentes élevées
Selon le blogueur Alex Jones, qui aurait parlé à l’ancienne tête d’affiche de Fox News, l’interview dure deux heures et «sera épique» – même si les observateurs à Moscou sont dubitatifs concernant d’éventuelles annonces de Vladimir Poutine qui s’est déjà beaucoup exprimé sur les chaînes russes à propos de l’Ukraine et de ses relations avec l’Occident. Reste que, cette fois-ci, ce formidable coup de pub est destiné au public américain, et sert directement les intérêts du camp Trump, dont Tucker Carlson est proche.
Une visite de star
Aperçu lundi sortant d’un bâtiment officiel, photographié au théâtre du Bolchoï lors d’une représentation de Spartacus, Tucker Carlson s’est complaisamment prêté au jeu du chat de la souris avec les médias russes. «L’interview est-elle déjà enregistrée ?», lui demande un journaliste de Ria Novosti, l’une des chaînes fédérales proche du Kremlin. «Vous êtes une agence d’État, vous devriez être au courant», lui répond en souriant l’intéressé, ajoutant qu’il allait prendre un café. «Pas d’Américano aujourd’hui», aurait plaisanté le cabotin un peu plus tard, même si cette joke n’a pas été confirmée.
Les fanfaronnades de celui qui se drape dans son statut de «journaliste», affirmant que ses confrères n’avaient pas pris la peine d’interviewer le président russe, ont également fait réagir. La dernière interview du chef du Kremlin a un média étranger remonte à octobre 2021. De nombreuses demandes lui ont pourtant été adressées, ainsi que le rappelle Steven Rosenberg de la BBC, l’un des correspondants à Moscou les plus respectés. «Le seul suspense consiste à savoir si Tucker va s’abstenir d’interroger Poutine sur le sort d’un citoyen américain actuellement détenu dans une prison du FSB (les services de sécurité russe, NDLR) depuis près d’un an, sans qu’aucune preuve ait été présentée publiquement», estime le journaliste Ilya Chepeline. Le journaliste Evan Gershkovich, du Wall Street Journal, accusé d’espionnage est emprisonné en Russie depuis mars dernier.