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Conflits meurtriers au Proche-Orient ou en Ukraine
Les conflits meurtriers au Proche-Orient et en Ukraine représentent des périls majeurs pour le journalisme. Au Proche-Orient, depuis le 7 octobre, au moins 63 reporters et employés des médias ont été tués, dont 56 Palestiniens, quatre Israéliens et trois Libanais, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Cette guerre entre Israël et le Hamas est devenue le conflit le plus meurtrier pour les journalistes sur une période aussi courte. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a déploré que « Gaza est un cimetière de journalistes ». Une enquête récente de l’AFP a révélé qu’un obus de char israélien était à l’origine du bombardement ayant tué un journaliste vidéo de l’agence Reuters et en a blessé plusieurs autres dans le sud du Liban. La couverture médiatique de ce conflit est complexe en raison de la propagande des deux parties, de l’impossibilité d’accéder à Gaza, de la pression des réseaux sociaux et des opinions publiques polarisées.
Israël-Hamas, la déflagration
Au moins 63 reporters et employés des médias (56 Palestiniens, quatre Israéliens et trois Libanais) ont été tués depuis le 7 octobre, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Gaza est un cimetière de journalistes
Reporters sans frontières
Cela fait de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, le conflit le plus meurtrier pour les journalistes sur un laps de temps si court. « Gaza est un cimetière de journalistes », s’émouvait l’ONG Reporters sans frontières (RSF) fin novembre. Une enquête de l’AFP, publiée la semaine dernière, sur le bombardement qui a tué un journaliste vidéo de l’agence Reuters, Issam Abdallah, et en a blessé six autres, dont la photographe de l’AFP Christina Assi, grièvement atteinte, dans le sud du Liban le 13 octobre désigne un obus de char israélien. Un porte-parole de l’armée israélienne a souligné que le lieu où se trouvaient les journalistes était « une zone de combat active ». Pour les médias occidentaux, la couverture de cette guerre a tout du cocktail explosif, entre propagande des deux parties, impossibilité d’aller sur le terrain à Gaza, pression des réseaux sociaux et opinions publiques polarisées.
L’Ukraine, autre front toujours à risque
Depuis l’invasion russe en février 2022, a minima entre onze et quinze reporters, fixeurs (qui aident à organiser les reportages sur place) ou chauffeurs de journalistes, selon le CPJ et RSF, ont été tués en Ukraine. Dont Arman Soldin, coordinateur vidéo de l’AFP, lors d’une attaque de roquettes russes dans l’est du pays, près de la ville assiégée de Bakhmout, le 9 mai. En Russie, toute critique de l’assaut contre l’Ukraine est sévèrement réprimée et les autorités mènent une vaste campagne de répression à l’encontre des médias indépendants, ONG, avocats et opposants.
Secret des sources, protégé ou en danger ?
Le secret des sources, considéré comme l’une des « pierres angulaires de la liberté de la presse » par la Cour européenne des droits de l’Homme, est régulièrement mis à l’épreuve, même dans les pays où il est protégé par la loi. En France, une journaliste collaborant avec le média d’investigation Disclose a été placée en garde à vue en septembre et a vu son domicile perquisitionné dans le cadre d’une information judiciaire pour compromission du secret de la défense nationale. Une loi européenne sur la liberté des médias est en cours de négociation, mais les dérogations possibles au nom de la « sécurité nationale » en matière d’espionnage des journalistes suscitent l’inquiétude de RSF et d’autres organisations de défense de la profession.
Intelligence artificielle, craintes réelles
L’intelligence artificielle (IA) représente une préoccupation réelle pour le journalisme. Les programmes d’IA, tels que ChatGPT, sont capables de créer du texte ou des images, suscitant ainsi des questions sur la possible remise en cause du travail des journalistes. En outre, ces outils permettent des manipulations de plus en plus sophistiquées, compromettant ainsi la fiabilité de l’information. Maria Ressa, journaliste philippine et prix Nobel de la paix 2021, a mis en garde contre les effets des manipulations par IA lors des élections à venir dans de nombreux pays en 2024. Elle préside une commission qui a élaboré une charte internationale sur le journalisme et l’IA, en collaboration avec RSF.
Perte de confiance, perte d’influence
La perte de confiance dans les médias est une tendance croissante, exacerbée par la crise économique du secteur. Selon un rapport de l’institut Reuters pour l’étude du journalisme, les influenceurs pourraient devenir des sources d’information plus fiables aux yeux des jeunes que les journalistes. Cette tendance est particulièrement observée sur les plateformes comme TikTok, Snapchat et Instagram. Le rapport souligne que plus de la moitié des utilisateurs de ces réseaux sociaux prêtent attention aux informations provenant des influenceurs ou des célébrités. TikTok connaît une croissance rapide en tant que source d’accès à l’information pour les jeunes, avec une augmentation de 5 points par rapport à l’année précédente.